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idéal auque 1 on cherche ensuite à parvenir. L'idéal d'Ausone,
ce fut Minervius. Encore, le danger d'un modèle imparfait est-
il nul quand on peut, plus tard, à l'aide de la comparaison,
corriger, étendre son idéal : mais malheureusement le pays,
le siècle d'Ausone ne lui offrit dans la suite rien de mieux que
Minervius, si ce n'est peut-être son oncle Arborius, à qui
l'expérience de la vie réelle et la pratique des affaires avait pu
donner plus de solidité d'esprit (1); mais moins brillant que
le premier rhéteur, il ne put l'effacer, et Minervius resta pour
Ausone le type de l'écrivain.
   Si Minervius était un Démoslbène, Ausone à son école fut
bientôt un Virgile. Ego hoc iuum carmen libris Maronis ad-
jungo (2). Ces honnêtes rhéteurs, dans leur naïf orgueil, s'ima-
ginaient être poètes sous l'hexamètre, comme plus lard ils se
crurent consuls sous la trabée!
   Arborius cultiva les talents naturels de son neveu ; il le fit
venir à Tolosa, où il enseignait alors la rhétorique. Bientôt le
jeune Ausone surpassa son maître lui-même; il devint gram-
m a i r i e n , puis rhéteur, et enseigna publiquement à Burdi-
 gala.

                                  III.

                         ADSONE HOMME D'ESPRIT.



   Voilà donc Ausone poète en plein rapport, et obligé comme
tel de fournir, bon an mal an, à ses doctes amis, une raison,
nable récolte de vers. Et vraiment il en faisait de fort jolis. Il
avait tant de facilité et d'abondance! Le mètre s'assouplissait
si docilement sous sa main! surtout ses épigrammes faisaient
fureur. Non content de les faire d'une seule manière , il r e -
tournait quelquefois la même sous douze formes différentes,


  (1) Parent. 3.
  (2) Symmacîi. Epist.