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 la fortune : tels étaient les Commentaires de Pline l'ancien, desquels
 nous savons, par son neveu, qu'il avait refusé une somme énorme (t).
    Il no sera point hors de propos de faire observer ici que le com-
 merce des livres offrait aux bibliopoles un double avantage que n'ont
 pas nos libraires-éditeurs : celui d'exiger une moindre mise de fonds,
 et d'exposer à moins de chances défavorables. Au lieu qu'il faut au-
jourd'hui risquer une édition entière, on pouvait alors ne faire co-
 pier les exemplaires qu'au fur et à mesure du débit de l'ouvrage.
 Ensuite, la forme des rouleaux, ou volumes, ce permettant pas qu'on
leur donnât une étendue considérable , ce qu'en appelait un livre se
réduisait à un petit nombre de pages. Nous venons de voir que cha-
que livre des épigrammes de Martial formait à lui seul un volume,
et se vendait séparément; et nous avons d'autres données sem-
blables. Cette circonstance diminuait, comme on voit, les frais et les
chances du bibliopole. Pour nous aussi, elle tend à réduire à sa juste
valeur ce que nous lisons chez les anciens, soit de la grande quan-
tité de volumes de certaines bibliothèques privées ou publiques, soit
surtout de la fécondité de quelques auteurs, laquelle serait vraiment
prodigieuse si on la jugeait, d'après nos livres modernes, sur le chif-
fre des volumes qui leur sont attribués (2). Il est bien vrai qu'il est
question quelquefois d'ouvrages considérables en un volume uni-
que (3); mais ces volumes, qui devaient avoir la forme des nôtres,


    (1) Epist., m, S.
   (2) Je me borne à citer l'auteur de la lettre qui donne lieu à ces recher-
ches. Il porte à 265 le nombre des volumes composés par son oncle, dont
plus de la moitié pouvait compter double, étant opistographes, c'est-à-dire
écrits des deux côtés (Epist., 111,5). D'autres écrivains comptaient par
milliers.
   (3) Tels sont, parmi les Apophoreta de Martial : l'Iliade et l'Odyssée réunies
{Epigr., XIV, 184); Virgile complet {Ibid., 186); les livres de Tite-Live,
bien plus considérables que nous ne les avons aujourd'hui (Ibid., 190) ; en-
fin les quinze livres des Métamorphoses d'Ovide [Ibid., 192). Ces livres de-
vaient avoir comme les nôtres la forme quadrangulaire, et sans doute aussi
être opistographes, ce qui n'avait pas lieu pour les volumes proprement dits ,
en forme de rouleaux.