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 HO peuvent être regardés que comme des exceptions , dos curiosités
 bibliographiques, ou même de ces tours de force dont il existe dos
 exemples chez les modernes.
    En compensation de ces avantages, il semblerait que le commerce
des livres, abandonné à lui-même, serait resté privé d'un autre bien
 nécessaire, qu'assure aux libraires modernes la protection des lois.
On ne voit rien, en effet, dans les auteurs anciens, ni dans la juris-
prudence romaine, qui indique la moindre garantie donnée à la pro-
priété littéraire. Faut-il en conclure qu'il n'en existait pas? Il me
semble assez naturel de raisonner ainsi, d'après un silence qui, au-
trement, serait inexplicable. Dans cet état de choses, un bibliopole,
après avoir acheté un manuscrit de l'auteur à un prix souvent très
 élevé, pouvait se voir privé en partie, par une omission de la loi, du
fruit légitime de ses avances et de ses peines.
    Si je faisais une histoire complète du commerce des livres chez les
anciens, je devrais sans doute examiner l'état et l'influence de la li-
berté d'écrire à cette époque; et cette question ne serait pas, de nos
jours , une des moins intéressantes. Les limites de cet article ne me
permettent pas ces recherches : je me borne à dire en deux mots que
si la législation romaine ne renferme pas de dispositions répressives
de cette liberté, si ce n'est par rapport à la diffamation, l'histoire du
 moiDS nous montre assez souvent des auteurs condamnés à des pei-
nes plus ou moins sévères, et leurs ouvrages livrés aux flammes,
comme impies, licencieux, renfermant des doctrines séditieuses, ou
 pour avoir déplu aux tyrans ombrageux qui gouvernaient l'empire.
Ovide, Cassius Severus, Cremutius Cordus , sont ceux dont le sort
 est le plus connu ; on pourrait citer d'autres exemples (1).
    Il est temps de revenir à Lyon, ville que ces recherches m'ont fait
abandonner. Pline , comme on l'a vu , paraît s'étonner d'apprendre
ce qu'il ignorait, dit-il, que notre ville eût aussi ses bibliopoles :
 bibliopolas Lugduni esse non putabam. Je ne sais si l'on ne serait
 pas fondé à voir ici quelque chose de cette fatuité dédaigneuse avec

   (1) On trouvera quelques indications de ce genre dans l'ouvrnge de
M. G. Peignot intitulé : Essai historique sur la liberté d'écrire chez les anciens
et au moyen âge, sur la liberté de la presse, etc.; Paris, 1852,in-8°, p. 4—10.