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   J'ai fait remarquer plus haut que les livres, chez les Romains ,
étaient bien plus chers qu'ils ne le sont parmi nous, et qu'il ne pou-
vait en être autrement, vu les seuls procédés possibles alors pour
leur reproduction. Et cependant ils l'étaient beaucoup moins qu'ils
ne le furent plus tard au moyen-âge , époque à laquelle la réunion
d'un petit nombre de volumes était une magnificence royale ; moins
encore qu'il paraîtrait naturel de le supposer, en considérant les frais
nécessaires pour l'acquisition du premier manuscrit et la multipli-
cation des copies. Nous devons aux écrivains anciens quelques
données à cet égard. Ainsi Martial nous apprend que son premier
livre , composé de 119 épigrammes , exemplaire bien conditionné
suivant les usages de l'époque , ne se vendait que cinq deniers :
               De primo dabit, alterove nido
               Rasum pumice, purpuraque cultum ,
               Denariis tibi quinque Marlialem ( 1).

Ailleurs nous voyons que son treizième livre, qui contient 127 épi-
grammes, se donnait pour quatre deniers, et pouvait même être
obtenu pour deux :
              Omnis in hoc gracili xeniorum turba libella
                Constatât nitmmis quatuor empta tibi.
              Quatuor est nimium ? poterit constare duobus ,
                Etfaciet lucrum bibliopola Tryphon (2).

Nous avons, il est vrai, des exemples de livres vendus infiniment
plus cher; mais ce n'étaient pas des livres courants, pour me servir
d'un terme de commerce. C'étaient, ou des ouvrages ayant quelque
particularité qui leur donnait du prix, comme cet exemplaire d'un
seul livre de l'Enéide, dont parle Àulugelle, qui fut vendu 20 pièces
d'or, mais qui était un autographe de Virgile, ou du moins avait été
corrigé de sa main (3). Ou bien c'étaient des ouvrages encore iné-
dits ; et ceux-ci devaient avoir un grand prix pour un bibliophile, et
une grande valeur vénale pour un bibliopole, dont ils pouvaient faire

  (1) Epigr.,ï, 118, v. 15.
  <2) Epigr., XIII, 3, v. 1—4.
  (3) TSoct. attic,,n, 3.
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