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375 Ëâpende Hannibalem, quoi libras in duce summo Inverties ? comme disait si energiquemcnt le satirique latin. C'est le mot éternel de toutes les ruines. Il y a toutefois autre chose que de la tristesse dans l'aspect et dans l'étude des musées lapidaires. Tous ces débris, con- servés ou dégradés^ élégants ou informes, sont autant de fidè- les témoins du passé, lesquels portent en eux quelques pages d'histoire civile ou littéraire. Les livres sont trop souvent muets sur la vie intérieure et quotidienne de ces populations disparues ; les pierres tombales, les statues, les autels votifs, les inscriptions et tout cet assemblage de ruines servent à nous montrer quelles pensées religieuses les peuples nourrissaient alors^ quelle langue ils parlaient, quelle culture ils avaient dans les mœurs et l'esprit. Au moyen d'une p i e r r e , d'une épi- gramme, l'antiquaire souvent parvient à retrouver une date importante, à combler une lacune, à expliquer ou à contre- dire un mensonge de l'histoire. Ce n'est point seulement une vaine curiosité qu'il s'agit de satisfaire, c'est une précieuse source d'instruction qu'il faut rendre accessible à tous. Le midi de la France a deux ou trois villes dont les musées renferment de vrais trésors dans ce genre. On a bien fait d'a- briter à Nîmes dans la Maison-Quarrée quelques morceaux précieux ; le musée d'Avignon s'enrichit tous les jours de nombreuses antiquités, que les champs de Vaison lui four- nissent en abondance ; celui d'Arles renferme des objets de plus grande valeur encore, et enfin la ville d'Aix conserve de précieuses collections. Aux premiers jours de janvier 1839, on trouva dans celte dernière ville une inscription mêlée à des chapiteaux^ à des fragments d'architraves, de sofites et de colonnes. Le hasard en amena la découverte occasionnée par les travaux que né- cessitait la plantation d'un bosquet, dans le clos de l'ancien couvent des Minimes, occupé aujourd'hui par les Dames du Saint-Sacrement. M.Rouardj bibliothécaire de la ville, s'est