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pas d'un spectacle aussi triste, quoique autrement appelé i'
Est-ce un motif pour se taire ? Non, sans doute. M. Reboul
peut dire du peuple avec trop de raison :

           Accablé de mépris par ceux qu'il étaya,
          II voit ressusciter tous ceux qu'il balaya,
          Et des grands imposteurs dont l'astuce le joue,
          Le char armorié le recouvre de boue ;

mais il ne faut pas que ces nobles cris d'indignation puissent
ressembler dans un poème à un texte déclamatoire, ni qu'ils
reviennent trop souvent.
   Puisque M. Reboul prêtait un hymne à I'ame d'un roi, ne
valait-il pas mieux choisir l'infortuné Louis XVI, chez lequel
il y eut vertu et deuil extrêmes, que de faire dire à son frère
Charles X :
            Mon trône au souffle populaire
            Découvrit ses ais de sapin ;
            Je subis jusqu'à la colère
            De ceux qui mangeaient de mon pain ;



            L'exil reçut mon agonie,
            Et ma triste cendre bannie
            Apprend à tout superbe orgueil
            Que, dans sa misère profonde,
            Un des plus grands maîtres du monde
            Reçut l'aumône d'un cercueil.

   Nous avons essayé d'indiquer les qualités et les défauts
du poème de M. Reboul. L'endroit le plus vulnérable dans
cet ouvrage, c'est le style, qui admet parfois un peu trop
de vulgarité, et qui descend à la prose, qui marche à pied,
comme disaient les Latins, sermo pedestris. Il nous semble
que le poète s'est hâté d'arriver à la fin, et que l'ennui est
venu le prendre de temps en temps, car il y a dans son tra-
vail des portions lâches et molles, qui sont expédiées avec
trop d'incurie.