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232 pitre sur le cycle poétique et légendaire auquel appartient la Divine Comédie. Les faibles précurseurs du grand AHghieri, ceux du moins dont les fictions présentent une assez grande analogie avec l'idée fondamentale de son poème, n'ont laissé que de grossières ou imparfaites ébauches, mais encore quelle verve d'imagination il y a là , et quelle originalité ! L'art, as- surément ne s'y manifeste pas comme dans le Dernier Jour, mais l'obscur ou anonyme écrivain sait toujours îe secret de vous entraîner après lui et de parler vivement à votre imagi- nation. En définitive , c'est là le premier art, et le véritable génie. M. Reboul, dans les endroits même où il rencontre le mieux se borne trop souvent à indiquer la situation, à esquisser rapidement les peintures. Il y a dans son poème des par- lies entières qui ne sont pas liées par un nœud assez étroit, ou qui même ne le sont pas du tout. Ainsi, nous voudrions que les chants des âmes bienheureuses fussent unis les uns aux autres par une autre transition que par ce simple titre .- L'ame d'une épouse, l'aine d'un roi, et qu'ils fussent moins écourtés, en général. Lorsque Dante veut amener un hymne, il s'y prend d'une autre façon. Il me semble que M. Reboul a trop sacrifié aux préoccupations de notre siècle, et que la politique du moment prend une trop large part dans son Dernier Jour, une part assez conlestable qui plus est. Nous estimons comme lui à leur juste valeur ces fervents apôtres de liberté que l'on a vus depuis s'atleler si ardemment aux chars des rois, et comprimer le jaco- binisme enseigné par eux; toute cette valetaille de petits intrigants, de vils ambitieux, de stupides et arrogants par- venus, sorte de scorie que les flots de touterévolution amènent à la surface; toutes ces dilapidations éhontées, ces oppres- sions révoltantes, ces bassesses qui n'ont pas de noms, ces apostasies en plein soleil, ces contradictions successives, tout ce qu'il a pu y avoir de misères et d'ignominies, nous le savons, mais grand Dieu! quelle époque ne nous affligera