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intérêt dans des incidents excentriques ou clans d'épileptiques
passions. L'intrigue, posée simplement, se déroule sans lan-
gueur , sans embarras, sans précipilation ; et tous ses indis-
pensables détails concourent à celte solution unique dont notre
siècle se charge trop souvent de confirmer l'exactitude.
   Souvestre a donc fait tout à la fois une œuvre doublement
méritoire, et dans la pensée et dans la forme : consignons ce-
pendant quelques observations.
   Et, d'abord , le dénouaient est-il bien ce qu'il devait être ?
Sans aucun doute, l'auteur a sagement agi en évitant l'écueil
contre lequel beaucoup d'écrivains viennent se briser aujour-
d'hui. Ne devait-on pas s'attendre , en effet, à voir Élie et Se-
verin s'agenouiller sur la tombe d'Anna et s'anéantir dans un
double suicide. Celle facile manière de trancher les difficultés
de l'œuvre eût été avidement saisie par le plus grand nombre,
et l'on eût jeté du pittoresque sur le drame , et l'on aurait cru
s'assimiler aux auteurs à îa mode. Souvestre a préféré une
tâche embarrassante à ce dénoûment immoral et commun ; il
a refusé de prêter une arme nouvelle au découragement scep-
tique de notre époque; et ses personnages, qui par le suicide
se fussent confondus dans la foule, nous paraissent grands et
forts parce qu'ils ont conservé le courage de vivre. Mais,en mê-
me temps , il me semble que l'auteur devait faire ressortir la
cause première de ce courage; or, cette cause ne pouvait être au-
tre que la pensée religieuse : enlevez à Severiu la croyance d'ira-
morlalilé , celle source de consolalion et d'espoir, et nous ne
pourrons plus excuser, sa résolution de survivre à sa fille : ce
qui par la religion nous semblait être le sublime effort de la
résignation, ne sera plus que la crainte misérable du néant ;
car, pour cet homme , le prolongement d'existence ne peut
pas être le résultat d'une raison humaine ; son énergie est dé-
duite de la raison divine. Pourquoi donc Souvestre n'a-t-il pas
fait dominer sur l'épisode lugubre la grande image de la re-
ligion; comme écrivain socialiste et philosophe , il le devait,
 parce que la croyance est l'instrument nécessaire de toute ré-