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106 forces, étiolait sa jeunesse. D'un autre côté, M1*^ Gaillot se pro- mettait bien de combattre un amour qui contrariait ses projets, puisque d'Élie dépendait son entrée dans l'aristocratie de cour. Le rétablissement du jeune homme était donc vivement attendu par ces deux femmes; et lorsque sa convalescence dissipa toute crainte, les événements suspendus reprirentleur cours. Elie vint un jour se réchauffer aux rayons du soleil, et sa jeune amante suivait du regard sa marche au travers du parc de Gaillot. Placée si près du bonheur , aurait-elle pu s'empê- cher d'accourir à lui? Les branches d'une haie s'écartent, et les douces étreintes recommencent, elles promesses s'échangent. Mais Mme Gaillot paraît au loin ; Anna se réfugie tremblante dans un pavillon. C'est là qu'elle entendit prononcer d'affreuses paroles. La femme du banquier presse Elie de renoncer à ses capricieuses amours; elle lui montre l'éclat du sort qui l'attend à Paris, et ne permet pas d'hésitation entre une noble fille et une enfant perdue. DeBeaumont résiste; et, délivré du regard de sa tante, il court au pavillon ; Anna s'est évanouie. Pauvre enfant, dont l'innocence ne sait pas discerner entre ce que la société nomme le bien et le mal, elle se croit perdue, parce que Mmc Gaillol a prononcé ce mot. « Relève-toi, lui dit Élie, car maintenant tu es ma femme. » La démarche de Mrae Gaillol était viciée, en effet, par un tel caractère de maladresse, que, bien loin d'éiouffer une passion, elle l'excitait et préparait la résistance, en épargnant l'embar- ras d'un premier aveu. Gaillot comprit bien ce qui devait néces- sairement advenir , et ses voies furent différentes : Elie est envoyé subitement à Paris; on y prolonge son séjour, on in- tercepte sa correspondance; Anna se croit délaissée et tombe malade. Cependant Sevevin ne peut plus lutter contre l'intrigue, et Gaillol lui dicte ses conditions. Il faut subir l'humiliation d'une faillite ou quitter la France , el chercher la fortune , que le banquier laisse entrevoir en Amérique. Au nom de sa fille , Severin consent à l'exil et signe son arrêt ; mais bientôt, éclairé