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79 TOUS serait plus facile que d'être, pour Paris, des concurrents sérieux et vrai • nient redoutables. J'ai vu dans la case de ce manufacturier un mouchoir fantaisie lahor. Paris n'a rien produit d'aussi délicat. Les motifs cachemire qui sont semés et déta- chés snr le fond blanc de ce mouchoir sont si purs et si doux de nuances, qu'on les croirait copiés d'après le pagne d'une devaddsi. Voilà bien la vieille fabrique de 1780 qui vieut à nous, pesamment cou- verte de damas et de brocatelles à Heurs d'or. Voyez comme elle est ridée et et décrépie. Voyez comme notre civilisation lui rit au nez, notre civilisation qui, aujourd'hui en confondant toutes les classes, n'a laissé heureusement à la noblesse que le vain souvenir de son ancienne splendeur. Quoiqu'il en soit, si l'importance des étoffes riches a de beaucoup diminué , toujours esl-il vrai que cette pléiade de fabricants comme Yemeniz, Didier- Petit, Malhevon, Bouvard etBurel frères ont exposé des étoffes qui prouvent que le talent lyonnais n'est point dégénéré. Je ne parlerai pas du tableau de M. Di- dier-Petit. Le testament de Maiziat nous a appris ce qu'il fallait penser des chefs-d'œuvre de ce genre. J'aime ces étoffes à larges rayures couvertes de grandes fleurs brochées; assurément elles rappellent bien, par leur cachet, tout le goût mignard du siècle passé. Voilà bien ces robes que la Pompadour et autres traînaient dans les salous dorés de Versailles. L'illusion est complète. Voyez cette moire gla- cée. Quel est le gentilhomme qui n'a pas une robe pareille dans les archives de sa grand-mére f Quelle est (a vieille marquise, dame d'honneur dans sa jeunesse, qui ne pense pas, en voyant ces lampas à ramage, aux royales dé- bauches de Louis XV ? MM. Godemard et Meynier à ce talent d'imitation en joignent un autre, celui de l'application de la mécanique à leur art industriel. Leur battant-brocheur est une heureuse invention. Je comprends, qu'avec un pareil moyen, ils puissent livrer, avec avantage, leurs étoffes à cette con- sommation de haut lignage qui est la plus riche, mais toujours la plus exigeante, Tenez, quelque chose aussi qui plaît, qui séduit même, ce sont des gros de Naples pour châles et pour robes, chinés et imprimés sur chaîne. C'est un ar- ticle traité heureusement par MM. Boyer et C'e. Des gilets de tous les genres, pour l'hiver, pour l'été, pour les bals, pour la promenade. Eh bien! en voulez-vous? Adressez-vous à MM. Servan et Ogier, Ricard et Zacharie: ils ont la suprématie dans ce genre ; car, à coup sûr, aucune des maisons qui l'a exposé n'oserait se poser comme leur rivale. Les lions de la fashion parisienne trouveront dans les collections de ces deux fabricants de quoi les dégoûter à tout jamais des gilets laine de la capitale. Je ne comprends pas pourquoi j e vous parlerais de tout ce qu'ont exposé vos autres manufacturiers. Rien ne me plaît, et ceux qui ont présenté des velours unis et des simples façonnés auraient dû, au moins, soit dans les nuances, soit dans les procédés de fabrication, soit dans le prix et la combinaison, chercher quelque chose qui, par sa nouveauté, eût un mérite quelcon- que. J'oubliais de vous dire un mot de MM. Ollat et Duverney ; c'eût été impar- donnable. Leur case est jolie, fraîche, coquette, parée, musquée, mignonne comme le boudoir d'une petite maîtresse. Il y a là de ces riens pour lesquels une jolie femme se damnerait sans coup férir. Voyez cette écharpe, aussi dia- phane que l'aile d'un papillon, et dans le scapulaire de laquelle sont semées des fleurs qui laissent croire à leur vie, tant les couleurs sont vives et Tes formes naturelles. Les autres fabricants qui ont traité la même spécialité, n'ont pas été si