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heureux. Si je vous faisais part do mes impressions, vous pourriez m'ac-
 cuser de partialité ; il vaut donc mienx me taire.
    La fabrique d'unis n'est pas représentée. C'eût été le cas cependant d'é-
 veiller la sollicitude du gouvernement. Nous aurions vu, enfin, si vous
 pouvez, avec avantage, soutenir cette rude guerre que vous font la Suisse et
la Prusse rhénane.
    En résumé, la fabrique lyonnaise aurait donné, soit à l'Etranger, soit à
 la France entière, une toute autre idée de son importance, si plusieurs
 grandes et savantes maisons, dans les unis comme dans lesfaçonnés, s'étaient
 présentés aux Champs-Elysées.
    Voulez-vous que l'étranger retourne dans ses foyers abattu et découragé,
lorsque parmi tous les exposants lyonnais il en aura trouvé si peu qui aient
captivé son attention. Est-ce là ce qu'on appelle une exhibition bien en-
tendue, bien compacte par son unité, comme par son mérite ? Et qui accuser?
 si ce n'est le jury de votre département, et les hommes de votre industrie.
    Cependant la presse parisienne s'est emparée, et pour cause, de quelques
 exposants, et leur a prodigué des éloges, mais les éloges les plus faux, et les
 plus sottement débités. C'est, si je me le rappelle bien, le Moniteur indus-
triel qui contenait, dans un de ses numéros, un article singulier sur le
compte d'un manufacturier de Lyon. Ce que j'ai oublié, après avoir lu ce
journal, c'est le nom du fabricant, mais ce que je n'ai pas oublié, c'est l'é-
toffe dont il parlait.
    Il s'agissait d'un drap de soie tout cuit de 150 portées de chaîne triple, tis-
sée en 18 pouces, sur un peigne de 222 dents au pouce, qu'on aurait eu l'in-
concevable talent d'établir à 5 f. 40 le mètre. Indépendamment de l'immense
difficulté de fabrication qu'offre un peigne et un compte de cha'ine aussi réduit,
je vous demande s'il n'est pas possible que la valeur seulement du poids de
la soie ne dépasse pas ce prix désigné de 5 f. 40 c.
    Ou ce paragraphe est dû à un ami trop complaisant, ou il est, depuis la
première ligue jusques à la dernière, le résultat d'une longue erreur typo-
graphique.
    Que vous dire, en finissant celte lettre, sinon vous répéter ce que je vous
ai annoncé en la commençant; en 1839, comme en 1834, on s'est éloigné,
en général, du but primitif de l'exposition ! Elle n'est plus qu'une foire
qui attire les passants : et maint marchant vient y faire une quarantaine
pour écouler à bas prix ou solder en bloc les antiquailles restaurées de tous
ses magasins.
    Le jury central n'est pas assez sévère, il devrait être moins facile à
admettre les exposants parisiens ; car ce sont eux, en général, qui ont en-
voyé les produits les plus grotesques. Les prix devraient être indiqués
sur chaque objet exposé. De plus, ils devraient être soumis à un jury •véri-
ficateur. Croyez-le bien, il n'y a pas autre chose parmi ces gens qui
donnent un prix pour un autre que des quêteurs de croix d'honneur.
Beau mérite, par rna foi, que de devoir une décoration au mensonge et
à la fraude !
                                                              C.Q.