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   Louvicrs, Sedan et Elbeuf ont envoyé leurs draps et leurs lissus de laine.
Une de ces villes, Elbeuf, la plus jeune en industrie , mais aussi la plus
entreprenante , la plus active , semble de plus en plus grandir et s'élever.
Les manufacturiers de l'Alsace , de leur côté, nous donnent une idée, par
leur exposition, de tous les progrès qu'ils ont fait dans la filature et le tissage
des cotons: leurs toiles imprimées plaisent par la nouveauté et l'originalité
des dessins : les indiennes chinées, faites pour imiter lesgros de Naples que
que l'on porte cetle année à Taris, sont d'une exécution parfaite. Darental,
Deville et Bapeaune sortent de leur spécialité, cl commencent à fabriquer
les articles d'exportation.
   M. Aubert représente bien l'industrie rouennaise, toutes ses étoffes qui sont
des articles d'été pour homme, sont parfaitement bien réussies et dignes
d'être offertes comme modèle dans leur genre.
   En vérité, il y a dans quatre ou cinq départements du nord une noble ri-
valité qui lesamèneraà de grandes choses. Leur importance manufacturière
n'est pas en voie de décadence ; et quand on voit des industriels qui n'ont
guères de concurrents dans l'étranger, s'efforcer de mettre ainsi leur supré-
matie à l'abri, on ne peut s'empêcher de leur prodiguer les plus grands
éloges, et de leur dire qu'ils comprennent bien la nationalité française, eux
qui, au sein de la prospérité dont ils jouissent, craignent cependant de la
voir s'évanouir.
   Je ne vous dirai rien des tapis de M. Sallandrouzc qui sont magnifiques;
rien de nos porcelaines peintes qui, par la richesse de leurs dessins, la beauté
de leurs formes, et la blancheur de leur teint, prouvent que nous sommes arri-
vés au plus haut degré de perfection dans cette industrie. Je laisserai encore de
côté plusieurs autres merveilles qui vous charmeraient, sans doute, mais j'ai
hâte d'en finir et de terminer, par l'exposition lyonnaise, cette lettre, qui
n'est ni le compte-rendu, ni l'analyse de tout ce que j'ai pu voir.
   Ce ne sont pas les septhuitiémes de la fabrique lyonnaise qui se sont don-
nés rendez-vous aux champs-Elysées. La plupart de ses hauts et puissants
seigneurs, soit par mépris, soit par indifférence, se sont tenus à l'écart. Mais,
en revanche, quelques nouveaux industriels nous ont donné un échantillon
 de leur savoir-faire. Il est douloureux, sans doute, de penser qu'ils se sont
fourvoyés et que, pour arriver à la réputation qui est le point de mire de
tout exposant, ils ont peut-être pris le chemin de traverse. Rien de ce qu'ont
produit ces maisons-là ne mérite d'être signalé. Il y a de la bonne volonté
et rien de plus.
   Les deux fabricants qui se sont vraiment mis hors de ligne, sont MM. Griller.
et Berna-Sabran. Ils peuvent bien être les héros de cetle guerre de décen-
tralisation industrielle que la province commence à livrer à la capitale,
Griliet pour ses cachemires , Berna-Sabran pour ses étoffes mélangées laine
et soie.
   Rien n'est plus joli que l'exhibition de ce premier ; ses dessins sont d'une
nouveauté et d'un effet au dessus de tout éloge. Combien j'aime ce schal où
d'immenses palmes s'enlèvent en blanc sur une galerie couverte de feuil-
les cachemires. Où trouver un tissu plus moelleux, plus léger et plus ré-
gulier? En vérité, après avoir vu de tels produits, on devrait'condamner le
goût delà haute consommation, si elle continuait toujours à être éprise de son
immortel cachemire étranger.
   M. Berna-Sabran, de son côté, malgré l'envahissement de l'industrie pari-
sienne sur toutes les places de l'Europe, ne s'est pas découragé. Ses manteaux
damassés, ses robes laine prouvent d'une manière irréfragable, que si l'on
étudiait à Lyon le travail de la laine et le parti qu'on en peut tirer, rien ne