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la poussière que soulèvent en passant les orages politiques,
foulées à chaque instant du jour sous les pieds de ces masses
d'ambitieux et d'égoïstes qui se ruent vers le pouvoir! Pauvres
fleurs, que ces pures poésies venant, comme de beaux lys, épa-
nouir leurs blanches corolles , déposer leurs délicats parfums
auprès des marais fétides et boueux !
   En relisant une à une ces quelques pages de la muse fla-
mande, -vers doux et tendres, comme pourrait en composer
seule une jeune fille, on sent, avec plus de force que ja-
mais, que l'âge n'est pour l'ame qu'un vêtement transparent
qui la laisse toujours voir riche de fraîcheur et de beauté. Le
soufle du ciel n'est-il pas le même au printemps et en hiver;
lorsque nous nous plaignons qu'il s'est refroidi, nous ne nous
apercevons pas que nous avons fui nous-mêmes le soleil, que
sa bienfaisante chaleur nous a quitté ; le soufle divin est resté
le même, nous seuls nous nous sommes éloignés de lui. N'en
est-il pas de même de l'inspiration du poète ? avant d'arriver
à nous, n'est-elle pas obligée de franchir une atmosphère gla-
ciale, de s'y perdre souvent ? et quand elle vient pour nous
toucher, nous ne la sentons plus et nous l'accusons. C'est que
nous somme véritablement dans un de ces hivers que traver-
sentles nations. La matière sociale, qu'on nous pardonne l'ex-
pression, est engourdie ; mais il se fait dans son sein un
travail, imperceptible et sourd, ce travail avance lentement,
mais il avance.
   Le nouveau livre de Mme Desbordes-Valmore, écrit tout en-
tier sous l'impression des sentiments de famille n'en renferme
pas moins quelques-unes de ces pensées qui, moins timides,
s'adressant à un plus grand nombre de lecteurs, parlent du peu-
ple, cette grande famille quiatantbesoinaussideconsolations.
Telles sont les pièces intitulées à M. A. L., — Adolphe Nour-
rit à Lyon, — le Cantique des Mères, — le Cantique des Bannis,
— le Luxembourg , — l'Amnistie , etc. Mais, ce n'est que pour
compatir à de grandes infortunes, que la poésie de Mme Val-
more va chercher ses inspirations en dehors du foyer dômes-