Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
                               419
et il n'eut pour auberges que d'infectes prisons, et pour lit
que des hamacs de paille vermineuse.
    Ce cruel voyage fut interrompu à Milan par l'humanité du
vice-président de la république Italienne, le comte Melzi
d'Eril, qui cependant n'osa pas mettre le captif en liberté, et
l'abbé Guillon resta dans les prisons de cette île six mois,
durant lesquels ce vice-président négocia sa délivrance avec
le grand-juge de Napoléon. 11 n'eut plus ensuite pour prison
que les murs dont la ville était environnée. Y étant étranger
et comme proscrit, il restait sans ressources, n'en pouvant
tirer aucune de Paris, où son domicile avait été dépouillé par
les agents de la police. Il se résigna, pour gagner sa vie, à
donner en ville des leçons de langue française au petit nombre
d'Italiens qui désiraient se mettre en état de la bien parler.
Il publia en outre quelques écrits, notamment : Lettre à l'abbé
Valdastri, secrétaire perpétuel de VAcadèmie Virgilienne de
Manloue, sur quetques propriétés de la langue française compa-
rativement à la langue Italienne, — e t Lettre à l'abbé Denina
sur quelques préventions des Italiens contre la langue et la
littérature françaises.
   Le sort de l'abbé Guillon ne commença à devenir moins
fâcheux qu'après que Napoléon, en 1805, se futfait couronner,
à Milan, roi d'Italie. Le vice-roi qu'il y laissa, Eugène de
Beauharnais, qui sentit combien la rédaction même du journal
officiel, il Giornale Italiano, était inférieure à celle des j o u r -
naux français, chargea cet exilé de la faire monter au m ê m e
ton, d'en mieux classer les matières et de l'approvisionner
d'articles de littérature écrits en Italien. Il lui donna de plus
la commission d'enseigner aux pages de la maison royale la
langue et la littérature françaises. L'abbé Guillon, pour leur en
faciliter l'étude, composa et imprima, en 1807, un Abréviateur
grammatical italien et français, où tous les mots de notre
langue étaient réduits à trois sortes, les noms, variables et
invariables. Les morceaux de littérature que, pendant huit
ans, il inséra dans le Giornale Italiano, y étaient signés tantôt