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224 le plus élevé du sol, et le génie venait de pratiquer sur le flanc de ces montagnes une belle route dans la direction de Constantine. Les voyageurs touchaient au terme de leur course ; deux heures plus tard, ils traversaient à gué la Seybouse, et bientôt ils firent leur entrée à Guelma. Cette ville, qui n'est maintenant qu'un monceau de ruines, fut construite elle-même sur les ruines et avec les débris d'une ville plus ancienne, qui occupait un espace trois ou quatre fois plus grand. Ce fait est suffisamment démontré par l'examen de quelques pans de muraille encore existants, et dans lesquels on trouve des pierres qui avaient évidemment servi à de précédentes construc- tions. Plusieurs de ces pierres y ont même été placées avec assez peu de soin pour que des inscriptions s'y trouvent renversées. — Les Sarrasins passent pour avoir reconstruit la ville de Guelma ; et Sutliul est le nom de la cité romaine qui avait existé d'abord sur le même emplacement. A.u milieu de ces ruines, on trouve encore quelques restes de monuments qui donnent une haute idée de ce qu'était cette antique Suthul ; un château d'eau, un cirque pour les combats d'animaux, et un théâtre, dont une partie demi-circulaire, destinée aux spec- tateurs, est fort bien conservée ; des pierres tumulaires, couvertes d'inscriptions, y étaient si nombreuses, que la caserne de l'artillerie en a été entièrement construite. Le séjour de Guelma est très-sain ; et par sa position, cette ville pouvait devenir un bon point de départ pour marcher sur Constan- tine. Aussi, lors de la première expédition, quelques troupes, sous les ordres du colonel Duvivier, y avaient été établies ; en moins de six mois, cet officier distingué avait relevé l'ancienne enceinte de cette place, qui n'était pas entièrement détruite; et, à l'aide de quel- ques autres travaux, il l'avait mise à l'abri d'un coup de main. Rentré le 9 juin à Bone, Maléchard ne voulut pas le quitter sans avoir vu la Calle, ancienne possession française, bâtie sous Henri IV et sous Louis XIV, par la compagnie de la pêche du corail, et brû- lée par les Arabes, qui nous en chassèrent en 1827. La Calle n'offre plus maintenant que des ruines ; mais elles ne sont pas sans intérêt pour l'antiquaire. Quand Maléchard la visita, sa population consis-