page suivante »
176 monialement l'épouse qu'il s'était choisie. — Point de jeux de hasard, point de tavernes, point de mendiants. La co- lonie prenait soin de celui qui devenait incapable de tra- vailler. —Les contestations étaient décidées par des juges amovibles qu'élisaient les habitants. Par respect pour l'in- nocence ou les intérêts mis en jeu, aucun procès ne de vait durer plus d'un mois. L'intervention de gens exerçant métier d'avocat ou d'avoué était rejetée. Les amis, les parents avaient seuls la faculté d'être défenseurs, et il leur était sévèrement interdit d'accepter aucun salaire. Chaque section du peuple nommait trois arbitres ou pacificateurs chargés de faire tous leurs efforts à l'effet de concilier à l'amiable les différents. — Enfin les colons s'interdisaient à jamais l'usage et le trafic des esclaves. Tel fut le sage ensemble de lois que se donnèrent les Français du Champ d'Asile 5 mais pendant qu'ils s'éver- tuaient ainsi à soutenir, à deux mille lieues de leur patrie, l'honneur et la dignité de son nom, alors qu'ils donnaient au monde un grand exemple de courage et de moralité, en France des plumes lâches et salariées répandaient con- tr'eux d'infâmes calomnies. Les pamphlets, les journaux royalistes les chargeaient sans cesse d'odieuses imputations A les en croire, le Champ d'Asile n'était qu'un repaire de forbans, de bandits qu'il était urgent d'aller anéantir!.... Quarante mille Français, naguère retirés en armes vers Orléans, n'étaient-ils pas désignés par l'épithète, aujour- d'hui honorifique, de Brigands de la Loire ! N'était-ce pas de la mort des traîtres qu'on avait prétendu frapper l'intrépide Labédoyère ! Quand, sur la place de Grève, la hache Bourbonienne abbatit les quatre têtes des Sergents de La Rochelle, ne dit-on pas aussi que c'était dans le but de délivrer la société de monstres exécrables ! Et de nos