page suivante »
. 177 jours, tout insurgé démocrate n'a-t-il pas été appelé voleur, pillard, assassin. Hier encore, des gazettes anglaises, par- lant de File de la Marine occupée par les Franco-Canadiens, combattant pour rétablir la vérité de leur gouvernement représentatif, n'affirmaient-elles pas que c'était un nid de pirates à engloutir dans les profondeurs du St-Laui'ent!... C'est qu'à toutes les époques de crise sociale, il en est ainsi. Des hommes d'improbité et de mauvaises passions se posant en défenseurs de certains intérêts, s'efforcent de rendre odieux tout acte dont le but n'est pas conforme au leur. Flatteurs serviles, calomniateurs impudents, sceptiques, in- fernaux, ils se prennent de rage à avilir ce qui est noble, à ravaler ce qui est grand, à nier ce qui est conscience, dévouement, et leur joie n'a point de bornes quand ils s'aperçoivent que dans la foule qui les écoute, quelques niais se sont laissés prendre à leurs mensongères assurances. Mais, en 1818, l'esprit public ne souffrit pas qu'on l'endor- mît dans la honteuse indifférence, dans la stupide intimi- dation qui ont flétri d'autres époques. Effrayé par la pensée de nouvelles périodes de guerres contre l'Europe, découragé par la trahison et surtout incapable de prévoir ce qui devait arriver, le peuple ne s'était pas levé comme il l'aurait pu. En expiation de sa faute, il s'était vu imposer un joug insultant: toutefois le feu sacré du patriotisme s'entretenait religieusement dans son sein. Il accueillait, lui, avec bonheur le brigand de la Loire et quand la Minerve Française prit avec autant d'énergie que de hardiesse la défense des braves du Champ d'Asile, des acclamations enthousiastes l'accueillirent partout. Une souscription nationale fut ouverte en faveur des proscrits : de riches banquiers tinrent à honneur d'en recevoir les fonds. A son tour, le barde populaire, Béranger, saisissant 12