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172 tions du champ de bataille; les glorieux anniversaires étaient célébrés, et les échos des solitudes américaines retentissaient de nos chants patriotiques. On cultivait les jardins des dames; on portait dans leurs demeures les fleurs les plus nouvelles. En présence de tous, on se li- vrait à des exercices gymnastiques; il arriva même qu'on donna de véritables fêtes, auxquelles venaient assister des Indiens, des Métis, des colons de toutes nations qui étaient répandus çà et là dans les environs. En ce jour, il était permis d'aller à la découverte, de pêcher, de chasser. Dans ces immenses forêts où les bisons, les cerfs, les chevaux sauvages vaguaient réunis par milliers, le chas- seur avait, en oiseaux, en quadrupèdes de tous genres, la faculté d'un choix fort étendu. S'il aimait le danger ou les belles fourrures, il s'attaquait au tapir, au loup, au lynx, à l'ours. Désirait-il posséder de ces plumages que les Mexicains employaient à se parer ou à faire de si jolis ouvrages, notamment ces gentils hamacs semblables à celui qu'on voit exposé au Louvre, alors il abattait l'aigle, dont les plumes ornaient aussi le calumet de paix des tri- buts indiennes; le cygne, dans la dépouille duquel elles prenaient le diadème de leurs chefs ; puis les oiseaux à la robe diaprée et éclatante ; le perroquet au plumage varié à l'infini ; le colibri, ce diamant animé; le pape à la huppe soyeuse et chatoyante; le flamand, le damier et cent autres. Mais quand les chasseurs voulaient rapporter du gibier propre à être offert aux repas de leurs compagnons, ils poursuivaient le daim ou le chevreuil, guettaient le fai- san, la1 perdrix, l'outarde, ou bien encore le coq d'Inde, dont cette contrée est la véritable patrie. L'avenir ne semblait donc plus offrir aux réfugiés que la certitude de la réussite : la terre leur rendait avec une