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17S abondante générosité le fruit de leurs travaux et ne de- mandait qu'à fournir davantage encore. Après avoir ainsi assuré leur existence présente, ils songeaient à en venir à de plus vastes exploitations communes, afin d'établir des relations de commerce ou d'échange avec les nations, et de fait les céréales, la canne à sucre, le bois, le tabac, les vers à soie, pouvaient devenir pour eux des sources d'incalculables richesses. Le personnel de la colonie s'aug- mentait : plus de trois cents anciens colons de Saint-Do- mingue étaient venus se joindre à eux. Le bruit de leur prospérité se répandant en Amérique et sur le continent européen, il était probable que bon nombre de Fran- çais ne tarderaient pas à se présenter et à demander leur agrégation. Témoins de l'ordre qui florissait au Champ- d'Asile, de l'esprit de paix, d'union et de tolérance qui en animait les habitants, des colons américains, irlan- dais, avaient abandonné leurs anciennes exploitations, et s'étaient établis près de la nouvelle colonie. Des tribus indiennes étaient venus offrir le calumet de la paix; on avait conclu avec elles des traités de bonne amitié. Tout enfin tendait à montrer qu'une ère d'accroissement sem- blable à celle qui avait favorisé autrefois les compagnons de Guillaume Penu allait commencer au Champ-d'Asile, et q u e , par delà les mers, une autre nation française ne tarderait pas à se révéler au monde. Il fut donc nécessaire de s'occuper à rendre plus certaine la réalisation de cette belle perspective. Le plus sûr moyen consistait à créer de bonnes lois qui, en régularisant la marche de la colo- nie, lui donnassent en même temps la puissance de la force, celle surtout de l'unité, et lui rendissent très-facile tout développement, tout progrès, quel qu'il fût. On mit ces lois en délibération.