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171 oublièrent leur part de maux pour ne songer qu'à ré- pandre des consolations et des encouragements que leur amicale fermeté sut rendre intarissables. Combien la femme nous apparaît grande et divine quand nous la voyons s'é- lever à tant de force, de douceur constante et de dévoû- ment ! Combien ceux qui ne se sont pas laissés corrompre par le monde et ont gardé foi en elle pour l'avoir vue toujours ardente ou résignée aux jours de danger et de sacrifice, combien ceux-là se sentent, à chaque nouvelle preuve, mieux disposés à l'aimer et à la bénir ! qu'ils se- raient heureux de la pouvoir garantir des influences fa- tales dans lesquelles l'enserre notre société dépravée, d'abord pour la rendre faible , vaniteuse, égoïste , impu- dique , à son profit; ensuite pour se donner la perfide insolence de signaler des vices, un excès d'infériorité que cette société elle-même s'est plu à créer ! La première loi d'organisation fut seulement militaire. On se divisa en cohortes que dirigèrent des chefs nom- més par les commandants généraux Lallemant et Rigaud, Chaque colon reçut vingt arpents carrés de terrain à cul- tiver à son gré. Les grands travaux de fortifications, de routes, de défrichement et tous autres d'intérêt général, se faisaient en commun, à heures fixes. Les chefs de la colonie ne manquaient jamais de se trouver, la hache ou la pioche en main, à la tête des travailleurs. Chacun y déployait toute son énergie, tout son savoir-faire; aussi le travail s'accomplissait-il avec autant de perfection que de célérité. Maître du reste de son temps, le colon l'em- ployait à l'amélioration de son habitation, à la culture de son champ et de son jardin. Au jour du repos, les délassements étaient encore nobles et utiles. On repre- nait le maniement des armes, on se rappelait les évolu-