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 sa noble figure. — Bonne nouvelle, mes amis, dit-il en
passant : l'échevinage a reçu une dépêche du roi.
   — Grand merci, s'écria maître Laurent, grand merci,
messire Champier! Cela fera oublier la Rubayne.
   — Oh ! j'aurais depuis longtemps tout oublié, répartit
l'échevin, si on n'avait pas dérompu le bas de ma maison (1)
 où étaient d'un côté les ligures de saint Paul et de saint
Pierre, et de l'autre celle de Jésus-Christ, sacrilège aussi
 coupable que celui dont Julien l'apostat fut si cruellement
 puni en la bataille contre les Partbes(2).
   Messire Champier entra dans la cour de l'hôtel du Consulat
 où il fut bientôt rejoint par le prévôt des marchands et par
le capitaine de la ville. Tous trois montèrent à la salle des
assemblées par un escalier en pierres qui existe encore
aujourd'hui, mais qui ne conduit plus qu'à une salle de res-
taurant. Cet hôtel a conservé son nom à travers les siècles,
et malgré les vicissitudes qu'il a subies, malgré l'étrange
destination à laquelle notre civilisation l'a affecté, il porte
toujours des traces de sa splendeur passée. Sur l'une des
principales façades, dans l'intérieur de la cour, on peut voir
les armes de la ville, et plusieurs fragments de colonnes et
de chapiteaux ornent encore quelques parties du bâtiment.
Mais ces restes précieux s'effacent peu à peu sous la truelle
du maçon et le pinceau du badigeonneur. De celte maison
où furent scellées, au nom de nos rois, nos antiques franchises
lyonnaises, et à laquelle se rattachent tant d'autres souvenirs
historiques, l'industrialisme et l'amour du lucre ont fait deux
cabarets, un restaurant, un magasin de liqueurs, etc., etc.
   Les douze échevins étant réunis se revêtirent de leurs
robes violettes afin de recevoir convenablement l'envoyé
du roi. Celui-ci fut introduit par un mandeur et un officier
de pennons.
   — Messire, dit-il en s'adressant au prévôt des marchands,
    »

  (1) Archives curieuses—1835) Paris.—(2) Idem.