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117 sa noble figure. — Bonne nouvelle, mes amis, dit-il en passant : l'échevinage a reçu une dépêche du roi. — Grand merci, s'écria maître Laurent, grand merci, messire Champier! Cela fera oublier la Rubayne. — Oh ! j'aurais depuis longtemps tout oublié, répartit l'échevin, si on n'avait pas dérompu le bas de ma maison (1) où étaient d'un côté les ligures de saint Paul et de saint Pierre, et de l'autre celle de Jésus-Christ, sacrilège aussi coupable que celui dont Julien l'apostat fut si cruellement puni en la bataille contre les Partbes(2). Messire Champier entra dans la cour de l'hôtel du Consulat où il fut bientôt rejoint par le prévôt des marchands et par le capitaine de la ville. Tous trois montèrent à la salle des assemblées par un escalier en pierres qui existe encore aujourd'hui, mais qui ne conduit plus qu'à une salle de res- taurant. Cet hôtel a conservé son nom à travers les siècles, et malgré les vicissitudes qu'il a subies, malgré l'étrange destination à laquelle notre civilisation l'a affecté, il porte toujours des traces de sa splendeur passée. Sur l'une des principales façades, dans l'intérieur de la cour, on peut voir les armes de la ville, et plusieurs fragments de colonnes et de chapiteaux ornent encore quelques parties du bâtiment. Mais ces restes précieux s'effacent peu à peu sous la truelle du maçon et le pinceau du badigeonneur. De celte maison où furent scellées, au nom de nos rois, nos antiques franchises lyonnaises, et à laquelle se rattachent tant d'autres souvenirs historiques, l'industrialisme et l'amour du lucre ont fait deux cabarets, un restaurant, un magasin de liqueurs, etc., etc. Les douze échevins étant réunis se revêtirent de leurs robes violettes afin de recevoir convenablement l'envoyé du roi. Celui-ci fut introduit par un mandeur et un officier de pennons. — Messire, dit-il en s'adressant au prévôt des marchands, » (1) Archives curieuses—1835) Paris.—(2) Idem.