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ebalre et pensoye a ordener les besoinnes de quoi mes chaibs
cuers est encombrez. A loure de médis io pensoie cornent mes
douz sires fut tormentez pour nos péchiez et pendus tos mid
en la croys entre dos larons. Quant io me pensoye que la très
mauvaisy compagnya s'estoyt departia de lui, io me traiot ver
lui ageant reverenci, et le declaveloye, et puis le chanoye
sus mes espaules, et puis le descendoye de la crois , et le
metoye entre les bras de mon cuer, et mestoict semblay que
io les portoye a tant legierement corne se fut de un ant. Se io
vos disoye lautre grant consolacion que io sentoye de lui, a
peyne les porrez vos entendre. Le soyr quant io malavo gisio,
io lo metoie en mon liet espirituaelment et baysoie ses lein-
drcs mans et ces benois piez qui ensi durament furont percia
per nos péchiez et poys mabessoye sus ces glorioux flan qui

mander ; car je le saurois beaucoup mieux dire de bouche que de vous le
faire entendre par écrit. Etant toutefois la personne qui vous aime le plus
selon Dieu, et croyant le même de vous en mon endroit, je vous écrirai
simplement ce que moi-même j'ai pratiqué , et ce que Dieu même par sa
bonté a daigné m'enseigner.
    « Le jour arrivé de la Nativité de notre Seigneur Jésus-Christ, je pris spi-
rituellement entre mes bras ce glorieux enfant, et le portois comme cela
dès l'heure de matines jusques à tierce , et l'embrassois tendrement avec les
bras de mon coeur. Après je m'allois un peu divertir, et pensois comme je
pourrois bien régler et disposer les affaires dont mon pauvre cœur étoit ac-
 cablé. A l'heure de midi, je considérois comme mon bon Sauveur fut cruel-
lement tourmenté pour nos péchés , et pendu tout nu à la croix entre deux
 larrons. Après, comme je reconnoissois la compagnie très-méchante de ses
 ennemis s'être retirée d'auprès de lui, aussitôt je le chargeois sur mes épau-
 les , et le descendois de sa croix. Cela fait, je le recevois entre les bras de
 mon cœur , et me semblois aussi léger en le portant que s'il n'eut eu qu'un
 an. Peut-être que si je vous racontois une autre consolation fort particulière
 que je ressentoispour lors , à peine la pourriez-vous entendre. Le soir venant
 que je me couchois, je le mettois spirituellement sur mon lit : là , je baisois
  ses tendres mains et ses bénits pieds, lesquels pour nos péchés furent si
 cruellement percés. Après je m'attachois fortement à son glorieux côté qui
  avoit été navré si inhumainement pour moi, et là, je me recommandais à mon