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6 Voilà quelles pensées me venaient à l'esprit en voulant parler d'un homme fameux dont toute la vie tendit à la gloire, au mouvement, à l'agitation. Que de choses contraires sont venues se croiser dans cette existence tumultueuse et empor- tée par chaque orage du jour! En quel lieu J.-J. Rousseau n'a-t-il pas laissé quelques débris de son ame brûlante et passionnée, quelques traces de son passage! Et maintenant pesez tout ce qui reste de ces h e u r e s , de ces années si mau- vaises ! des volumes qui nous parlent encore de leur auteur, et puis des souvenirs épars çà et là . Ce Sont ces souvenirs que j'ai voulu colliger i c i , des sou- venirs qui puissent nous montrer J.-J. Rousseau dans ses divers séjours à Lyon , nous rappeler quels goûts , quelles occupations retenaient parmi nos ancêtres le citoyen de Ge- nève, le citoyen cosmopolite. Je ne prétends pas juger l'hom- me de génie, l'écrivain brûlant et chaleureux ; encore moins veux-je me livrer contre l'auteur d'Emile à ces épilepti- ques déclamations qui défrayent tant de livres , tant de dis- cours ; je n'ai d'autre dessein, moi, d'autre ambition que de recueillir quelques documents sur les voyages de J.-J. Rous- seau à Lyon, et de les lui laisser raconter lui-même. Jean-Jacques avait trente a n s , et n'avait encore rien écrit ; il vivait en 1732 chez M me de Warens, qu'il a si honteusement diffamée : Petit fut mou nom, dit-il; Maman l'ut le sien ; et toujours nous demeurâmes Petit et Maman, même quand le nombre des années eu eut presque effacé la différence entre nous (1). Or, il arriva par un beau jour que Maman ordonna à Petit de suivre au moins jusqu'à Lyon un musicien nommé Le Maître ; vous allez voir comment il s'acquitta de la commis- sion : Après avoir passé très-agréablement quatre on cinq jours à Belley, nous eu repartîmes et continuâmes notre route... Arrivés à Lyon, nous fûmes loger (0 CONCESSIONS, livre m.