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498 •Q- LE FOU DE VERTRIEUX. Il est de ces choses qui ne peuvent s'analyse* et qui se comprennent pourtant. ( oâiœraiE D'EUE JEEME FEMME ). Les deux anecdotes que je raconte se lient ainsi par d'imperceptibles fils, Madame. Quel- ques censeurs prétendront dénier mathématique- ment les rapports de la première à la seconde. Ceux-là ne sont ni peintres, ni musiciens , ni poètes, ni artistes. Le géomètre ne saurait démolie! trer la sympathie ou résoudre la nature problé- matique de mon Fou. Amie intelligente, vous me pardonnerez la faiblesse du style , les obscurités de mon sujet, empreintes souvent dans mes phrases nuageuses, le négligé coupable de l'art qui aurait pu coudre gracieusement ensemble les deux minces écheveaux, déroulés sans ordre par ma main trop émue pour ce travail gymnastique. Vous ne yerrez rien de tout cela , moins par in- dulgence pour moi, que par la vive compréhen- sion dont la lumière intérieure éclaire votre re- gard. Vous demeurerez long-temps rêveuse après cette lecture , et si je vous interroge sur votre silence, vous me répon drez : il est de ces impres- sions qui ne peuvent pas se traduire et qui se sentent pourtant. Eu effet, Madame, la langue humaine, composée de sons et de mots réguliers , est aussi impuissante à décrire les innombrables dédales de la pensée fugitive , que les sons à pein- dre l'à me. Comment retracer à la fois deux réa- lités unes et contractantes, le double mouvement inverse , l'un refluant vers le passé , l'autre