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499 vers l'avenir. Comment rendre ie Sourire sous les larmes? Les médailles ont deux faces. Le cercle terrestre n'a que la forme ; l'esprit de- meure au-dedans. Le vôtre se reflète daus votre beauté, mou angélique. Puisse t-il me prêter ses lueurs, afin d'expliquer à tout le monde ce que vous savez déjà . (L'ACTEUR DU RAPSODE.) Nous avions soupiré l'adieu matinal aux plaines ombreuses de Pont-Chéri, disparu , comme une ville andalouse , der- rière ses épais, massifs de frênes el de bouleaux. Le soleil levant illuminait les côtes pittoresques du Dauphine qui nous découvrait ses perspectives de villages , de bois , de clairiè- res, de monticules ^ de maisons, traversées par le Rhône, et couronnées par les Alpes. Seuls, tous deux , dans cet horison mobile , nous suivions les magiques ondoiements des végétations jeunes et vigou- reuses , à travers lesquelles s'échancraient les naïves décou- pures des vieux châteaux que les forêts chevelues ceignaient de crinières flottantes. Lorsque ces ruines n'étaient pas trop éloignées , nous gravissions par des chemins tortueux jusqu'à elles : là , nous aimions à recueillir les confidences écloses dans les touffes de pariétaire balancées aux mugissements de la brise , dans les convolvulus , roulés en spirales d'a- mour , dans les buissons , dans les thyms parfumés , dans les ronces , dans l'aubépine blanche , dans les rosiers sauva- ges , dans le lierre flexible, poésies mystérieuses qui nous peignaient mille images adorables, mille symboles tou- chants. A l'entrée du village de Yertrieux, dont nous voulions visi- ter le manoir triangulaire, suspendu comme un nid d'aigle sur les hauteurs dextrales, nous fûmes salués d'une siu°-ulière apparition. Un jeune homme, de 20 ans environ, vêtu seulement d'une longue robe arabesque, se tenait accroupi au soleil,