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 être trop fastidieux de discuter ce qui convient le mieux à
 l'homme civilisé , et ce qui peut lui procurer la plus grande
 somme de bonheur sur la terre ; on n'arriverait à aucune so-
 lution ; les hommes sont loin d'être d'accord sur ce qu'on
doit entendre par le mot bonheur , et malgré leur prétendue
sagesse , ils ne savent jamais ce qui leur convient ; la diver-
gence des opinions est telle que les objets les plus matériels ,
les plus palpables, ceux consequemment qui offrent le plus
de prise à nos sens , sont jugés par différents hommes d'une
manière tout opposée.
    Pour m o i , un beau pays est celui que j'ai sous les yeux , que
je parcours et que j ' h a b i t e , c'est-à-dire le Mont-d'Or. Dans un
espace de quelques lieues, je trouve plus de contrastes, de si-
tes variés et surtout d é p l u s pittoresques qu'on n'en rencontre
dans le reste de la France.
    Tous les habitants" de cette contrée sont occupés à la parer
d'une végétation pleine de grâce et d'éclat, et à la féconder
p a r l e s bienfaits d'une culture mise dans la route du progrès.
La terre y est chargée de fruits ou couverte de fleurs ; des
vins excellents , des habitants qui traitent les étrangers en
amis ; voilà à n'en pas douter un beau pays, un pays agréable !
    Pour moi encore , un heureux peuple , c'est celui au milieu
duquel je vis. Ses mœurs simples et pures , sa douceur et sa
bonne foi, ont survécu à tout. Il ne se souvient plus des p r é -
jugés qui régnaient naguère dans la c o n t r é e , ou du moins il
n'en conserve que d'heureux. Il a, avec les connaissances de
ses devoirs, celle de tout ce qui peut augmenter son aisance
et son bien-être ; et on peut dire avec vérité que les lumières
qu'il a de plus et les superstitions qu'il a de moins que les
a u t r e s , le mettent à portée de jouir des avantages que lui
promet sa persévérance laborieuse ; aussi la civilisation n'est-
elle point arriérée chez ce peuple. Les hommes s'y montrent
admirables de forme et de santé; les femmes y sont belles, re-
cherchées dans leur mise simple , fières de leurs vertus com-
me filles , comme épouses , comme mères. Dans leurs habi-