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talions régnent l'ordre , l'aisance , l'élégance , la propreté , et
en même temps la plus touchante économie. De gais refrains
remplissent les longs échos qui les entourent, et le cœur riche
de jeunesse secoue le joug des noires pensées. L'amour de la
propriété a jeté ici de profondes racines et fait de grands p r o -
grès. Ce sentiment se réalise sans cupidité ; le cultivateur éco-
nome fait consister toute son ambition , ou à devenir proprié-
taire ou à agrandir l'héritage de ses p è r e s .
     Dans une belle et pure soirée du mois de m a i , je parcourai
le côté septentrional du Mont-d'Or , couronné en quelques
endroits d'une forêt fruitière. Là , le mélange étonnant de la
nature sauvage et de la nature cultivée, montre partout la
main de l'homme. En quelques endroits les collines sont creu-
sées d'immenses carrières de pierres, d'où sont sortis les m o -
numents prodigieux qui embellissent la cité de Plancus. Cé-
dant à mes penchants rêveurs , j'errai près de la colline de
Verdun , et me perdis avec une joie mélancolique et ravis-
sante sous les ombrages d'un bosquet de noisetiers, non loin
d'un sommet près duquel quelques arbres gigantesques for-
 ment comme une chevelure sur un front c h a u v e , tantôt lais-
 sant aller mes vagues pensées à la suite des légers nuages qui
 traversaient les cieux , tantôt les ramenant sur les fleurs dont
la terre était parsemée. Je finis par ne plus regarder ni la
 t e r r e , ni les cieux; rêvant toujours sans savoir où j'allais,
 j'arrivai ainsi au bord d'une petite source creusée sous un
 rocher. Je m'assis sur une pelouse veloutée, et regardai cou-
 l e r , sur des cailloux mousseux, le petit ruisseau, emblème
  d'une vie e r r a n t e , et suivai d'un œil rêveur les feuilles ou
 les débris de rameaux que les flots emportaient. Une foule de
  sensations nouvelles et fugitives que j'éprouvais , n'étaient
  pas sans charme. Je m'amusai à contempler le rosier sau-
 v a g e , le cytise, le roseau et l'arbuste aimé du berger , qui
 bordent de toutes parts le cours des sources et des fontaines.
  Je remarquai que souvent, au défaut de l'onde épuisée, ces
  arbrisseaux p a r f u m é s , dessinent dans les vallons comme des