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fabriques, c'était certainement porter une secousse très-
violente au commerce en général. Les ennemis extérieurs
et surtout l'Angleterre obtenaient par cette mesure un tri-
omphe assuré sur l'industrie française. H é b e r t , présent à
cette discussion, fut d'un avis différent. Il prétendit d'a-
bord que les arts et le commerce étaient les ennemis nés
de la liberté; que d'ailleurs Paris devant être le point
central de toute l'autorité p u b l i q u e , il ne devait pas exister
une Commune assez puissante pour la rivaliser. Cette opi-
nion, émanée de l'auteur d'une feuille ordurière, portait le
caractère de son ignorance et de la provocation au meurtre
et à la destruction dont il avait toujours été le fidèle partisan.
 Le citoyen R e a l , son substitut, était bien loin d é p a r t a g e r
 son opinion.
   Les représentants ne crurent pas devoir s'opppser à cet
arrêté. Ils laissèrent à la Commission toute la latitude pour
qu'elle le fit exécuter. Us indiquèrent seulement les quartiers
dont les bâtiments devaient être rasés. Alors les maisons qui
formaient la ligne depuis le pont du Change jusqu'à Pierre- '
Eneise disparurent. Les représentants ordonnèrent ensuite
la démolition des deux superbes façades de la place de Belle-
cour, afin, disaient-ils, d'humilier l'orgueil des Lyonnais. Ou
ne donna que deux heures aux habitants pour déménager.
Qu'on se figure plus de mille locataires obligés de déména-
ger en deux heures! Des femmes infirmes , des femmes en
couche, des enfants, des vieillards portant un paquet o u ï e
traînant. Les ouvriers, arrêtés pour cette expédition, se rcn>
rent sur le champ à l'ouvrage. Couthon , qui s'était fait por-
ter sur la place, accompagaé de Chateauneuf-Randon, donna
le premier coup de marteau en disant : Je te condamne à être
démolie au nom de la loi (1). Aussitôt chacun se presse pour


   (1) Sous la monarchie en France, les rois, pendant 1400 ans, posaient
les premières pierres pour la construction des édifices publics, et la première
année du règne des républicains de la Montagne de la Convention, des légis-
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