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322 sortir ses meubles. Cependant les ouvriers en possession du faîte de ces maisons eu renversent les d é b r i s , au milieu des effets que leurs habitants ont déjà extrait: cette confusion ne pouvait s'éviter dans l'instant où l'on donnait si peu de temps aux uns, et où les ordres étaient si précis ponr les autres. Le peuple, dont les anciens travaux étaient a n é a n t i s , em- brassait avec plaisir ce genre d'occupation, il y applaudis- sait avec d'autant plus de zèle qu'il en retirait un très-grand avantage. Quarante mille personnes des deux sexes furentsans- cesse occupées de ces démolitions. Leur grand nombre effraya les proconsuls, au point qu'ignorant les moyens de pour- voir à leur nourriture, on leur promit les dépouilles des ri- ches. Ce nouveau g o u v e r n e m e n t , avare de dépenses pour les établissements publics les plus essentiels, ne rougit pas de dépenser cinquante millions pour la démolition de cette ville. En promettant au peuple de Lyon la dépouille des riches , on se modelait sur tout ce qui s'était passé dans les grandes cités. La Montagne d'ailleurs comptait si peu de partisans, qu'elle n'avait d'autre ressource que de démoraliser le peuple, et de le porter à toutes sortes d'excès, en lui prodiguant des assignats. Tous les comités révolutionnaires de Lyon étaient compo- sés de brigands et d'hommes ineptes. Leur conduite a été l'effet de l'impulsion qu'ils ont reçue de la Convention , des proconsuls et de la commission temporaire. Si ces institu- tions avaient existé deux ans de p l u s , elles auraient boule- versé l'Europe. Les sans-culottes en place quittèrent de leur côté leurs asiles m o d e s t e s , pour venir habiter de superbes hôtels; ils étaient tout étonnés de se trouver dans des appartements somptueux, lateurs donnent le premier coup de marteau ponr les démolir. Ce rapproche- ment est nécessaire. ( Note de Prudhomme. )