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en celui de Commission teviporairc. Par la position de cette
r u e , des bâtiments très élevés masquaient à ces bourreaux
la place des Terreaux où l'échafaud était dressé. Ils ordon-
nèrent la démolition de ces maisons, toutes à cinq étages et
bâties en pierres de taille , et menacèrent de la peine de mort
si sous huit jours elles n'étaient pas abattues. Plus de deux
cents locataires n'eurent que quelques heures pour déménager.
Il fallait voir ce tableau : des femmes, des enfants avec des
paquets sur le dos; d'autres traînant des fardeaux; les petits
enfants attachés aux jupons de leurs mères.
L'empire qu'ils exerçaient sur les habitants était t e l , que
nul citoyen ne pouvait extraire aucun objet de son domicile.
C'était avec des peines infinies qu'on parvenait à livrer son
linge à une blanchisseuse. Il fallait un laissez-passcr de la
Commission qui vérifiait d'abord les paquets; et si les effets
étaient de quelque v a l e u r , ou le linge un peu fin, ils se les
appropriaient, en disant que les aristocrates seuls pouvaient
s'en permettre l'usage; que c'était au dessus des besoins du
- régime de l'égalité, et qu'ils seraient plus utilement em-
ployés en les destinant pour les défenseurs de la répu-
blique.
Cette Commission présidait et ordonnait les démolitions.
Un arrêté qu'elle fit afficher indiqua les quartiers qui d e -
vaient disparaître sous le marteau destructeur. Celte opé-
ration devait être conduite avec la plus grande p r o m p -
titude. Douze cents maisons devaient être renversées Ã
chaque mois. Leur silence, sur le temps que devait du-
rer ce travail , inquiétait tous les citoyens qui crai-
gnaient qu'à la longue aucune maison ne fût épar-
gnée.
Lorsque cet arrêté eut été public à Paris, des citoyens
qui se trouvaient au parquet du procureur de la Commune
(Chaumetle) pour quelques intérêts particuliers, parlèrent sur
cet arrêté , qu'ils dépeignirent comme très impolilique. Ruiner
celte ville la plus forte et la plus riche de France par ses