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204 à la Société de Lyon le S0 janvier dernier. Il était, ce me s e m b l e , naturel de penser qu'ayant été outragé publique- m e n t , j'en porterais mes plaintes à la compagnie littéraire qui compte encore aujourd'hui l'agresseur parmi ses m e m - bres ; mais sans doute les mêmes qui se croient permis de soutenir que je n'ai point été insulté , après l'avoir e n t e n d u , se croient p e r m i s , à plus forte raison, de soutenir que je n'ai point écrit à la société, parce qu'elles ne m'ont pas vu écrire. Pour m o i , Monsieur, qui fais toutes mes actions tête l e v é e , qui n'ai et ne veux avoir de tort avec p e r s o n n e , et qui ne crois pas qu'après des injures atroces qui ont soulevé toute une ville, on doive en être quitte pour nier les faits, je ne dois point souffrir que ni vous ni personne soyez trai- tés de faussaires à mon occasion, même avec si peu de vrai- semblance. Si mes plaintes eussent été supposées., j'aurois sans doule répondu à ce que l'Académie m'a fait écrire par son secrétaire : mon silence doit lui prouver que ma lettre étoit de m o i , et que je me crois désormais quitte de tout envers elle. J'ai écrit ces jours passés à M. Soufflot, pour lui demander justice : il a dû envoyer ma lettre au secrétaire de la société, et lui écrire en même temps tout ce qu'il pense de la conduite qu'on a tenue à mon égard. M. Montucla, que j'ai vu et à qui j'ai parlé très-vivement sur toute cette af- faire, doit avoir écrit, de son côté, à M. Malhon. Je me flatte , Monsieur, qu'après toutes ces preuves de la réalité de ma l e t t r e , et après dés démarches si publiques , si mesurées et si justes , on voudra bien , si on l'ose, se plaindre de moi et non pas de vous. Je n'aurois jamais c r u , sans cet événement, qu'en Europe, au milieu du 18 e siècle qui n'est pas un siècle de barbarie, et dans une des premières villes de France, pleine de citoyens polis et éclairés , il pût y avoir une compagnie littéraire qui autorisât chacun de ses membres à outrager, de la manière la plus indigne, un homme de lettres qui n'a jamais insulté qui que ce s o i t , et qui même dans l'article Collège, objet ou prétexte de tant d'injures, a soigneusement