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 j'ose élever la voix sous ces voûtes encore retentissantes des
 accents douloureux d'une, mère éploréc dont ma sensibilité
 partage les mille et une douleurs, mais dont mon devoir est
 de dévoiler les mille et une calomnies.

     « Je ne scruterai point la vie du sieur Guillin Dumontet,
 comme militaire, époux et p è r e . Sous tous ces points de vue,
 si j'écoutais la voix du p e u p l e , je ne serais peut-être pas son
 apologiste. Je laisse donc à part l'officier couvert de blessures,
 l'époux et le p è r e , pour ne m'occuper que du soi-disant bon
 citoyen. »
    I c i , l'orateur, qui n'aime pas la calomnie, essaye déjà de
 calomnier.
    « Le sieur Guillin bon citoyen! il respectait, dit-on, les
 autorités! pourquoi donc cet homme était-il armé en guerre?
 pourquoi la poudre et les armes de toute espèce qu'il avait
 dans son château? »
    Il aurait été bien plus étonnant q u e , clans un château placé
 près des bois , au milieu d'un pays alors de grande chasse , le
 propriétaire n'eût eu ni poudre ni fusils.
    « Pourquoi a-t-il souffert que sa femme t é m o i g n â t , par ses
 danses, la joie qu'il partageait avec elle de l'évasion du roi?
 Pourquoi le jour même de la désertion du premier fonction-
naire public, dit-il que le moment était venu où il aurait
le plaisir de se laver les mains dans le sang des paysans ?... »
   Ici l'orateur fut interrompu par une voix qui s'écria : ce n'est
pas vrai, ce n'est pas vrai.
    « Le sieur Guillin, continua l'orateur, était, dit-on, bon
citoyen! il partageait avec les indigents le pain qu'il recevait
de l'état, cependant cet homme tirait indistinctement sur les
gens et sur les bestiaux qu'il trouvait sur ses terres... »
   Guillin Dumontet, trop attaché peut-être à son droit de pro-
priété, a bien pu pousser la brutalité jusqu'à tirer sur des
bestiaux qu'il trouvait sur ses terres ; mais où est la preuve
qu'il ne fit aucun cas de la vie des hommes?