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« Cependant il avait exhumé les cadavres encore fumants
du cimetière de Poleymieux, dont il s'était emparé, et
il les avait fait transporter dans ses fonds pour les bo-
nifier (1) »
Ici, des violents murmures éclatèrent dans l'assemblée,
et M. Vernier, alors président, invita l'orateur à se renfermer
dans les bornes les plus étroites de son affaire.
« Le roi séduit, trompé, poursuivit l'orateur, avait aban-
donné son poste : la prudence dictait la précaution contre
nos ennemis , il pouvait en arriver du dehors : s'il y en
avaitau dedans,il était sage de désarmer ceux-ci, il était pru-
dent de s'assurer du sieur Guillin, dont le projet était peut-être
de favoriser l'invasion de l'étranger.
« Certes, nous gémissons des excès auxquels une populace
enivrée et furieuse a pu s'abandonner. Notre objet n'est pas
de soustraire à la sévérité des lois les hommes qui se sont
rendus coupables : nous sollicilons un décret par lequel il
sera déclaré qu'il n'y a lieu à accusation contre les officiers
municipaux et les gardes nationales seulement, pour le fait
de la recherche exécutée dans le château de Poleymieux, le
26 juin dernier. Cette pétition est indépendante der. faits
écrits de part et d'autre. Il s'agit uniquement de prononcer
si la recherche d'armes est ou non un attentat aux lois , si les
officiers municipaux ont eu le droit de la faire, eu égard aux
(1) On assure pourtant que ce cimetière était abandonné depuis long-
temps , et q u e , comme seigneur de la paroisse , il n'était pas sans droil sur
le terrain. Les églises que l'on voit dans les campagnes , si leur construction
date de trois ou quatre siècles, comme l'église de Poleymieux , n'ont bien
certainement pas été bâties par les communes. Elles sont dues, sous de cer-
taines réserves, aux largesses des anciens seigneurs, ainsi que le terrain
qu'elles occupent. Il en est de même des vieux presbytères et des vieux ci-
metières. On peut consulter à cet égard les savantes recherche» de l'avocat
Doyen, sur les lois féodales.
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