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la manière la plus formelle à ces inquiétantes promenades
militaires. Les officiers municipaux ne répondant pas nette-
ment, Guillin , en colère, ferme brusquement le guichet, et
il se retire dans ses appartements en proférant quelques in-
jures. Voyant alors qu'on prend des dispositions pour entrer
chez lui bon gré malgré, il paraît à l'une de ses fenêtres,
armé d'un fusil à deux coups, et il les tire au hasard. La
garde nationale, ainsi provoquée, riposte par un feu roulant,
quelques individus courent au clocher de la paroisse , et le
tocsin se fait entendre.
Mrac Guillin, toute effrayée, descend, accompagnée de sa
belle-sœur, sur la terrasse du château; elle s'adresse à la
garde nationale, elle essaie d'excuser l'emportement de son
mari, et promet, en son nom, que la perquisition sera souf-
ferte. Après une heure d'attente , pendant laquelle arrivait,
au bruit du tocsin qui sonnait dans tous les environs, une
immense foule d'individus, hommes, femmes, enfants, les
uns armés, les autres sans armes, tous étrangers à la paroisse
de Poleymieux, et même entièrement inconnus pour la plu-
part, la porte s'ouvre .enfin, et les commissaires perquisi-
leurs , au nombre de s » , entrent dans le château. Arrivés
dans un corridor aboutissant à la chambre à coucher de
Guillin Dumontet, ils aperçoivent un fusil à deux coups ,
chargé, et ils en jettent l'amorce. On les conduit ensuite
dans un petit cabinet, où ils trouvent deux fusils neufs à deux
coups, une gibecière^ plusieurs couteaux de chasse, deux fusils
de munition avec leurs baïonnettes, deux petits canons ap-
pelés Gueulards et servant dans les fêtes et les réjouissan-
ces du château, deux petits barils de poudre à tirer , un
petit baril de pierres à fusil, quelques balles en plomb
récemment fondues, quelques flèches indiennes que Guillin
avait rapportées de ses voyages d'outremer et qu'il conser-
vait par curiosité , enfin un las de bouteilles cassées, tous ob-
jets bien propres , comme on voit, Ã renverser une constitu-
tion, à mettre en danger la pairie et la souveraineté du peuple.