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  rondi, le poignet cassé, suivant toutes les règles de la méthode
 classique de l'art ; il n'y a pas jusqu'à ce pied levé pour rap-
  peler l'élève rebelle à la mesure , qui ne révèle les mille dou-
 leurs de l'enseignement. Le costume est admirable de vérité,
 nous avons tous vu un professeur de musique avec une culotte
 noire, un habit canelle, un col de chemise un peu froissé, une
 chaîne de montre en acier à laquelle pend une clef d'argent et
 un petit coquillage ou un fruit d'Amérique ; et l'élève, quelle fi-
 gure attentive et peinée ! il sue pour suivre le maître, mais il ne
 le rattrapera qu'à la dernière mesure,, en en sautant deux ou
 trois.
    Mms de Si-Aignan au Temple. Tel est le litre d'une des plus
 heureuses compositions de Johannot. Madame de Sl-Aignnn, con-
 damnée à mort par le tribunal révolutionnaire , attend en prison
 l'instant de ses couches pour marcher au supplice. Son médecin,
 vieillard, a la figure aimable et grave à la fois , vient la visiter
 dans sa prison, dont les murs humides vous jettent du froid.
 Elle est assise sur un méchant grabat, elle a donné son unique
 chaise à l'ami qui l'interroge avec un regard où se peint en même
 temps la plus tendre sollicitude, et le respect le plus profond
pour une si noble infortune. Je ne dirai rien de cette tête de
femme, elle est telle que Johannot sait les faire, mais où il
s'est surpassé , c'est dans le puissant intérêt qu'il a jeté sur tout
l'ensemble de cette figure. Cette femme aux formes aristocrates,
à la physionomie cultivée, raccommode son bas. Elle retire sa
jambe uue sous ses vetemens par un mouvemeut plein de
grâce-, il n'y a pas jusqu'à la pose si peu chaste , et pourtant si
habituelle aux femmes enceintes , du bras reposant au défaut de
la taille, qu'il n'ait eu l'art de rendre pudique ; mais une des-
cription quelque complète qu'elle soit, ne rendra jamais le char-
me indicible de ce délicieux dessin. C'est un chef-d'œuvre perdu
pour la France. L'acquisition en a été faite par un étranger , ami
éclairé des arts.
    C'est enivré par le prestige des chefs-d'œuvre, dont M. Léo-
pold nous faisait les honneurs avec tant de grâce, et par le ma-
gnétisme si puissant d'une discussion animée, que le temps s'é-
coula avec une telle rapidité qu'aucun de nous ne s'était avisé de