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 d'abord faire des travaux de nivellement, opération toujours dif-
 ficile et que l'imperfection des inslrumcns antiques rendait une
 espèce de divination. Je ne puis comprendre encore comment ils
 en venaient à bout. Afin de conserver à l'eau ses bonnes qualités,
 on l'a fait couler sous terre autant que les localités le permet-
 taient. M. de Casparin a suivi celte ligne souterraine dans les
caves des maisons, le long des chemins, partout où des excava-
tions modernes avaient mis à découvert la bâtisse antique. Il
s'était si bien pénétré du système des ingénieurs romains, qu'il
refaisait leur travail souvent sans autre indication que de se
donner à lui-même à résoudre le problême qu'ils s'étaient pro-
posé. Ce dut être un vif plaisir pour lui que de voir les fouilles
qu'il dirigeait confirmer toujours ses prévisions.
    « Lorsque les vallées forçaient l'aqueduc à sortir de terre, une
espèce de pont, d'une construction dont la solidité a bravé les
efforts des temps cl des hommes, réunissait les deux collines et
transportait l'eau souvent à de grandes dislances. Si la vallée
était trop profonde pour qu'on pût y élever des arches , on prati-
quait des syphons, dont les tuyaux de plomb d'une immense éten-
due faisaient remonter l'eau jusqu'au point où elle pouvait repren-
dre son cours horizontal. On voilà Chaponneau(l) l'ouverture de
ces syphons, la réserve d'eau, et jusqu'aux trous où les tuyaux de
plomb s'engageaient dans la maçonnerie. Souvent encore on
trouve des fragmens de ces tuyaux, et l'on pense même que
ce pourrait être une opération lucrative que de fouiller la vallée
pour en extraire le métal enfoui.
    « Les portions d'aqueduc encore debout n'ont aucun ornemeut.
Leurs proportions immenses leur donnent un caractère de gran-
deur, que les détails les plus beaux ne pourraient produire.
Partout la construction est uniforme ; c'est une masse de pierres
brutes, noyées dans le ciment et rc\êlue d'un parement de petites
pierres taillées en lozange et appareillées avec une précision ex-
traordinaire. De quatre pieds en quatre pieds, la maçonnerie est
interrompue par une couche de dcu\ briques posées à plat, sans

  (1) On (ail dériver ce nom de caput aquarwn, (M) Il s'écrit pins communément
Cliaponos), ce qui rend cette éijmologie un peu moins probable (.V. H.)