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262' cultes intellectuelles , et de nous gouverner jusque dans le tom- beau. ' Mais la vertu , les devoirs , la fraternité, la soumission de l'É- vangile , que de biens le christianisme ne fait-il pas partout dans le gouvernement républicain!... d'abord les chants de l'église ne retentissent que des titres de r o i s , de p r i n c e s , de maîtres et d'esclaves , et nous invitons nos législateurs et nos concitoyens à peser sérieusement cette observation plus essentielle à notre p o - sition actuelle qu'on ne pense , et qui prouve l'antipathie absolue du catholicisme et de ses prêtres avec la république. Quanta la comptabilité de la religion chrétienne avec nos principes , écou- tons J. J. Rousseau (1) : « Pour que la société fut paisible et que « l'harmonie se maintint, il faudrait que tous les citoyens sans « exception fussent également bons chrétiens : mais si malheu- « reusement il s'y trouve un seul ambitieux , un seul hypocrite, « un Calilina, un Cromwel, celui-là très-certainement aura bon « marché de ces pieu* compatriotes. La charité chrétienne ne. « permet pas aisément de penser mal de sou prochain. Dès « qu'il aura trouvé par quelque ruse l'art de leur en imposer et « de s'emparer d'une partie; de l'autorité p u b l i q u e , \oilà un « homme constitué en dignité: Dieu -veut qu'on le respecte: « bientôt voilà une puissance, Dieu veut qu'on lui obéisse; le « dépositaire de celte puissance en abuse l'd, c'est la verge dont « Dieu punit, ses enfans. On se ferait conscience de chasser l'u- « surpaleur , il faudrait troubler le repos public , user de vio- « l e n c e , verser du sang , tout cela s'accorde mal avec la douceur « du chrétien , et après t o u t , qu'importe qu'on soit libre ou serf « dans cette vallée de misères ? L'essentiel est d'aller en paradis , « et la résignation n'est qu'un moyen de plus pour cela. » Cette discordance prouve d o n c , que la religion de la pairie qui en fait l'objet de l'adoration des citoyens ^ qui leur apprend que servir l'état, c'est en servir le Dieu tutélaire, que mourir pour son pays , c'est aller au martyre , violer les lois , c'est être impie ; être intolérant ou vicieux et mépriser la fraternité so- ciale du genre humain, c'est se vouer à l'exécration générale. (1) Couina So'l'O; cii,IJI. VIII.