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260 les hommes et de tous les peuples, le mensonge n'eût pas fait croire ses miracles ; Melchisédech et Ces successeurs n'eussent pas décimé les moissons , les vendanges, les troupeaux et les trésors des citoyens ; dix mille hommes n'eussent pas péri pour la dispute de Moïse et d'Aaro'n , des pontifes puissans n'auraient pas assassiné les tyrans et les peuples , pour se disputer au mi- lieu des flammes et du carnage , le sceptre et le despotisme ; Mahomet n'aurait pas fait égorger des milliers d'Asiatiques pour fonder son empire ; les patriarches d'Anlioche , d'Alexandrie et de Constanlinoble , n'auraient pas troublé l'Orient par leurs dis- putes théologiques, des mouslres Thïarés n'eussent pas provo- qué et ordonné les massacres d'Albi, les guerres de l'investiture, les Croisades exécrables ; les flammes infernales de Clément V et autres scélérats , n'auraient pas llétri toutes les pages des siècles et déshonoré l'espèce humaine ; la Sl-Barthélemy et le carnage d'Amboisc,... l'assassinat de l'infortuné iiasseville , ne seraient pas encore à venger; la race abominable des prêtres n'existe- rait pas , des duchés , des baronnics , des comtés , des pairies, d'immenses revenus , n'auraient pas engraissés ces sangsues ins- satiablcs du genre humain, édifié leur orgueil et leur puissance , enlevé des hommes à la société, des sujets à la loi, et des amis à la liberté. Oui, les vérités de la nature ont trouvé en tout temps des con- tradicteurs fortement intéressés à les embrouiller et à les faire disparaître du cœur humain : en effet, quel gain , une doctrine aussi simple, aussi intelligible, aurait-elle produit à ces gens avides de sang , d'or et de pouvoir ?... Et par quel moyen au- raient-ils pu obtenir cette prépondérance dont ils ont toujours paru si jaloux ?... On aurait insulté à leur costume dérisoire , on aurait ri de leurs discours, et leur morale surannée n'eût pas produit plus d'effet, que le vent de leurs antres obscurs, le mouvement de leurs idoles , ou la vertu de leurs reliques ou scapulaires. Ils eussent été citoyens, et la terre innocente n'eût pas été exposée au nom d'un Dieu de paix , au fléau des guerres religieuses. Mais comme l'ignorance est avide du merveilleux, et que la crainte delà mort est l'épouvantai! naturel à l'homme qui ignore