Revue du Lyonnais » série 1 - n°2 ( 1835 ) » pp.203

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   11 mourut à l'âge de 52 ans (1). Le calme qu'il conserva, la li-
berté d'esprit qu'il n'affecta point, sa pieuse résignation, son
courage , pénétrèrent d'admiration tous ses compagnons d'infor-
tune , et laissèrent de véritables regrets sur son sort (2).
   Quatre jours avant sa mort, Lamourette fit dans les prisons de
la Conciergerie une rétractation ainsi conçue :
   < Ma déclaration à notre saint Père le pape , à tous les pas-
    t
teurs et à tous les fidèles de l'Eglise catholique, apostolique
et romaine.

 sages et vieilles leçons de l'expérience, ils prennent des abstractions pour les
vraies bases de l'harmonie sociale el de la prospérité publique! Car c'est là l'er-
reur originelle d'où sont découlés tous les malheurs qui ont affligé la France, et
tous les crimes dont son territoire demeure à jamais souillé. A.u lieu d'agir d'après
l'étude du caractère des hommes, et d'après la connaissance de la marche des
choses humaines, on s'est évanoui dans les misérables spéculations d'une creuse
et assoupissante métaphysique ; on a entièrement perdu de vue le pratique et
l'usuel, on a méprisé toutes les espèces de modèles, de peur de ressemblera
quelque chose et d'échapper à la gloire d'être des créateurs ; enfin, on a pris
l'esprit raisonneur et systématique pour l'esprit législatif... Qu'est-il arrivé d'une
si étrange méprise ? Ce qui arriverait à un homme qui, s'imaginant avoir trouvé
un nouveau mode d'architecture, aurait entrepris une construction, où rien de
ce qui compose les autres édifices ne devait être mis en oeuvre, et où il ne devait
plus être question de faire entrer ni la chaux, ni le sable, ni la pierre, ni le bois;
c'est-à-dire qu'à la fin de son travail, il vous livrerait une demeure en figure,
une maison symbolique. C'est-à-dire, M. C. F . , qu'il est aussi chimérique de
vouloir être gouverné par les seules spéculations de la philosophie, que de
vouloir être logé par les opérations d'un dessinateur.
   Ainsi, dans l'impossibilité de faire rouler cette grande machine dénuée de
vie, d'ame et de ressort, il a fallu pourtant soutenir le mouvement révolu-
tionnaire. Il a fallu substituer les grandes agitations à la nullité d'une législation
impraticable; il a fallu réveiller l'effervescence d'un peuple qui revenait natu-
rellement à la paix et à la sagesse; il a fallu recourir encore à l'emploi d'images
 effrayantes; il a fallu de nouveau faire couler le sang humain, sous un autre
glaive que celui de la loi ; il a fallu effréner encore toutes les passions et se servir
des médians; il a fallu enfin revenir à ces machinations ténébreuses, qui ne sont
   (1) Voyez le Moniteur du 13 janvier 1794.La£!og. Univ. et la France Littéraire
de Quérard lui font subir sa peine le 10; nous venons de voir qu'il ne fut con-
damné que le 11.
  (2) Sallaberry, Biog, Univ.