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   Ayant entendu son jugement, Lamourette fit le signe de la
croix ^ et se prépara à mourir en philosophe chrétien , déclarant
publiquement qu'il était l'auteur des discours prononcés par Mi-
rabeau sur les matières ecclésiastiques, et qu'il regardait son
supplice comme un juste châtiment de la providence. Il avait
trouvé ^ dans les prisons de la Conciergerie, l'abbé Emery, et ce
fut sans doute par les conseils de ce respectable ecclésiastique ,
qu'il signa sa rétractation.

se disculper d'être un honnête homme. Il n'était pas jusqu'à l'artisan laborieux
et paisible qui, en se jetant à la fin du jour sur sa couche pauvre et austère, n'y
portât l'appréhension d'eu être cruellement arraché, pour aller expier au fond
d'un cachot le tort d'avoir refusé de participer ou d'applaudir à un forfait. Tel
était, sages concitoyens, le déplorable état de cette grande ville, lorsque vous
vous levâtes pour renverser ce colosse dégoûtant d'iniquités, de persécutions et
de rapines. Tel était le fléau dont l'extirpation a ravi du milieu de nous les hom-
mes incorruptibles et généreux à qui nous rendons, en ce saint lieu, nos tristes
et derniers devoirs. Mais ne parlons plus de la perte que nous a fait subir leur
trépas. Quelques réflexions, utiles au triomphe de la cause pour laquelle ils se
sont si glorieusement sacrifiés, honoreront plus leur mémoire que le stérile hom-
mage de nos regrets et de nos éloges.
   Citoyens, le mal que vous avez si heureusement retranché du milieu de vous,
n'est qu'un rameau d'une grande manœuvre ourdie et conduite sur les plans
d'une perversité profonde et réfléchie : cette branche de désolation et de scan-
dale est tombée, mais son tronc et sa racine vivent et subsistent au foyer où les
chefs des médians trament leurs horribles complots, et d'où ils impriment le
mouvement, à des époques convenues, à'tous les agitateurs et à tous les scélé-
rats subalternes qui sont dispersés sur les différens points de la république.
   Lorsqu'une grande révolution s'ouvre dans le temps du plus grand dé-clin des
mœurs et du plus grand déchaînement de toutes les passions, il est impossible
qu'au milieu et à la faveur de tout le fracas et de tout le mouvement excités par
 tant de démolitions et de reconstructions politiques, il ne se forme sourdement
 au sein du vice, un système dé subversion et de crime, parce qu'il n'y a de ré-
volution utile au vice, que celle qui exclut le règne des lois et l'établissement de
 toute autorité et de tout gouvernement. Voilà, concitoyens, le point d'où il faut
partir pour expliquer tous les phénomènes de monstruosités et d'horreurs qui
couvrent aujourd'hui de deuil toute la face de la France.
   0 combien d'hommes s'égarent en matière de révolution, lorsque dans lés
 mouvemens qu'ils exécutent pour régénérer leur gouvernement, ils négligent de
combiner la théorie de la liberté avec celle du bonheur, et que, méprisant les