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119 tations données à ses discours, à ses écrits, comme si à t r a - vers les formes gigantesques dont ses idées se révêtaient dans sa cervelle volcanisée, il était possible d'en saisir la portée et le véritable sens. Dans la fièvre qui le dévorait, tour à tour su- blime ou trivial, sensible ou cruel j, généreux ou vindicatif, se- lon l'élan de son cœur et les passions que les circonstances pré- sentes venaient y réveiller, il s'abandonnait sans réserve à sa bouillante imagination, de sorte qu'on ne peut savoir s'il médita jamais sérieusement les projets d'extermination qu'on l'accuse d'avoir formés. Mais s'il fût aussi scélérat qu'on.l'a p r é t e n d u , comment se fait-il alors que les Lyonnais l'aient à plusieurs r e - prises élevé par leurs suffrages aux plus honorables fonctions?... Ceux dont les intrigues contre-révolutionnaires attirèrent sur n o t r e ville les malheurs du siège, dans la coupable espérance de la livrer ensuite aux Bourbons ou à l'étranger, n'étaienUls pas plus coupables que lui? ne justifient-ils pas en quelque sorte ses fureurs ?... Les êtres neutres qui ne savent ni aimer, ni haïr, ni nuire, ni être utiles, et qui prennent pour de la vertu cette tranquillité désespérante qui n'est autre chose que l'absence de toute intelligence et de sentimens é l e v é s , ces êtres qu'on appelle honnêtes gens par un étrange abus de l'usage d e s m o t s , ne se persuaderont jamais que Chalier ait été animé des plus nobles passions ; mais ce n'est pas pour eux que j'écris. Il y a des esprits avancés qui comprendront combien il faut de cou- rage et de conviction pour se mettre ainsi a l'œuvre et ne recu- ler devant aucune des conséquences d'une tâche rigoureuse, pour sacrifier son repos présent et sa gloire à venir. Quel est l'hon- nête lionune du jour qui peut se flatter d'avoir fait à la patrie autant de sacrifices que Chalier ? Quel est celui qui voudrait dans l'intérêt général sacrifier comme lui sa fortune, sa répu- tation et s'exposer à porter sa tête sur l'échafaud, au milieu des malédictions publiques, sans autre a p p u i , sans autre conso- lation que le témoignage de sa conscience ? N o n , il y a pei d'ames assez fortement trempées pour cela. Dieu., dont la pen sée éternelle et progressive dirige, à travers,les siècles et les révolutions, la marche de l'humanité,, les. fait naître.et les inspin loi-même dans les grandes crises et leur donne la force d'ac