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117 plus innocent des hommes. 0 vous! qui formez ce groupe à ma droite, citoyens, vous foulez à vos pieds les pavés où coula son sang. « Ecoutez, écoutez , les derniers momens de Chalier sont intéressans. Connaissez les dernières volontés de Chalier; Cha- lier, par ma voix, va vous parler encore une fois ; citoyens ^ écoutez : « De la prison , ce 16 juillet, à 4 heures du soir. « Mes chers frères et sœurs, je n'ai que ce papier pour vous faire mes adieux quelques minutes avant ma mort pour la liberté. Adieu, frère Ànloine ; adieu, frère Yalentin ; adieu , frère Jean ; adieu, frère François; adieu, neveux, nièces, belles-sœurs, beaux-frères , parens et amis ; adieu à tous, Chalier, votre frère, votre parent et votre ami, va mourir, parce qu'il a juré d'être libre, et que la liberté a été ravie au peuple de Lyon le 30 mai 1793 ; Chalier, votre ami, va mourir innocent ; vivez en paix ; vivez heureux, si la liberté reste après lui-, mais si elle vous est ravie, je vous plains bien. Souvenez-vous de moi; j'ai aimé l'hu- manité entière et la liberté. Et mes nombreux ennemis et mes bourreaux, qui sont mes juges , m'ont conduit à la mort. Adieu, ma justification est dans le sein de l'Eternel, dans tous mes amis , dans ceux de la liberté. J'embrasse tous ceux qui se rap- pelleront de moi. Je vous aime, je les aime comme j'aime l'hu- manité entière. Adieu! salut! je vais reposer dans le sein de l'Eternel. « CHALIER. » > Citoyens, n'ajoutons rien à ces faits, méditons-les en si- • lence, pleurons, pleurons tous, et que nos larmes soient au- jourd'hui notre seule éloquence. « Honneur à Chalier! Vive la république ! » Jusqu'ici je me suis contenté de raconter avec la plus loyale impartialité les faits qu'il m'a été possible de réunir d'après des documens authentiques ; mais je ne croirais mon travail qu'é- bauché , je ne croirais avoir rendu à la vérité qu'un hommage incomplet, si je m'arrêtais là -, car cette histoire que j'ai com-