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92 rines de Sèvres, les unes avec des corbeilles sur la tête , les au- tres , des urnes sur les bras , dans lesquelles on semait tous les ans du miosotis palustris. Dans les angles de la cheminée , deux encoignures de vieux laques, portaient tout l'appareil pour le thé, en antique porcelaine du Japon ; deux tables de jeux à incrusta- tion de bois de roses et de palissandre ( et j'écris ceci sur l'une d'elles ) , occupaient les deux autres angles du salon. Entre deux portes, dont l'une donnait dans la chambre de ma grand'ma- man et l'autre dans le vestibule, était une ligne immuable de chaises à dossiers perpendiculaires, ayant à leur tête un énorme canapé , qui avait l'air du tambour-major de la compagnie -, trois ou quatre portraits de famille rivalisaient de grotesque avec les personnages du tapis qui avaient été long-temps pour moi un objet d'épouvante. D'énormes jardinières remplies de fleurs dans toutes les saisons , complétaient l'ameublement de cette pièce , dont rien n'a changé l'arrangement pendant de longues années. Conformément aux règles de la plus scrupuleuse étiquette , au- cun habitant de la maison, parens ou amis, ne s'y présentait sans avoir fait sa toilette. Ma grand'mère elle-même n'y paraissait qu'avec son rouge et ses gants. Pour nous autres enfans, il n'es- tait abordable que lorsque nous avions été assez sages pour venir assister à la lecture de Grandisson en anglais , dont ma grand'ma- man nous régalait à titre de récompenses. Je dois, à la vérité, de dire que nous nous arrangions de manière à la mériter le moins souvent possible. Quelques-uns de mes lecteurs trouveront peut- être ces détails bien puérils , mais dans ce récit le charme des souvenirs ou des impressions de mon enfiance est tout pour moi, le travail d'artiste vient après. Maintenant que vous connaissez les localités, écoutez mon histoire : C'était je crois à la fin de juin ou au commencement de juillet 1815; deux officiers arrivèrent avec un billet de logement ; après quelques instans d'entretien particulier, ma grand'maman les installa dans l'appartement de ma tante, au lieu de les placer dans la chambre réservée aux Jogemens militaires. Elle expliqua cette distinction en disant que les messieurs Macéroni étaient les