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    La capitale étant alors menacée d'un siège par l'armée royale , il courut à sou
secours et y conduisit un corps de troupes de quatorze à quinze mille hommes,
composé de Français, de Suisses et Lansquenets ; il laissa dans cette ville le mar-
quis de Saint-Sorlin, son frère, qu'il fit reconnaître pour son lieutenant clans le
gouvernement. Sur la fin de cette même année , le cardinal Caiétan fît son entrée
à Lyon ; le pape l'envoyait en qualité de légat pour veiller aux intérêts de la religion
 dans le royaume et appuyer fortement le parti de la Sainte Union, il y fut reçu
 avec les honneurs accoutumés, sa présence réchauffant le zèle des plus ardens du
 parti, ils renouvelèrent entre ses mains leur serment, soit pour lui donner plus
 de force, soit pour prouver davantage leur attachement ; le légat, pour les
 entretenir dans cette ferveur, établit une confrérie de pénitens noirs, dans la-
 quelle les personnes du premier rang s'enrôlèrent avec empressement ; cette
compagnie n'est point déchue depuis un siècle et demi de son premier lustre ,
parce qu'elle a constamment préféré le choix au nombre, la simplicité à la ma-
gnificence et l'obscurité à l'éclat.
    Après le départ du légat, il se trama sourdement une entreprise pour livrer la
 ville au roi ; on ne sait ni qui en furent les auteurs, ni ce qui la fit échouer ; on
avoit semé par la ville un écrit intitulé l'Anti-Espagnol, daus lequel on découvrait
les intentions du roi d'Espagne et ses vues intéressées sur la monarchie couvertes
sons le voile spécieux de la religion , et on y levait les scrupules que les partisans
de la Sainte-Union entièrement dévoués à la faction des Espagnols, avaient forte-
ment imprimés, que les catholiques ne pouvaient en conscience reconnaître le
roi de Navarre pour souverain légitime. De Rubys, procureur-général de la ville
et passionné ligueur, qui sentit que ce discours était capable défaire impression sur
les esprits, prit la plume pour le réfuter et publia aussitôt un écrit sous ce titre :
Réponse à VAnti-Espagnol, semé ces jours passés par les rues et carrefours de la_ ville
de Lyon de la part des Conjurés qui avaient conspiré de livrer ladite ville en ta pui3~
sance des Hérétiques, et la distraire du parti de la Sainte-Union. L'épître dédicatoire
qui est au devant peut contribuer à l'éclaircissement de ce fait et mérite d'être
insérée ici.
    « A révérend Père en Dieu, messire Philippe de la Séga, évêque de Plaisance
 « et un des prélats députés par Sa Sainteté pour assister monseigneur l'illustris-
 « sime et révérendissime cardinal Caiétan en sa légation en France. »
    « Monseigneur, je me ressens tellement votre redevable de l'honneur qu'il vous
 « a plu me faire lorsque monseigneur le légat était en cette ville , de désirer ma
 « connaissance et conférer privément avec moi de l'état des affaires de notre misé-
 « rable France, quoique ce n'ait été pour aucun mien mérite, mais par votre
« courtoisie et bonté , que cela m'a fait assurer que vous prendriez de bonne part
 « l'adresse que je vous fais de ce petit discours, lequel j'ai été quasi comme
 « forcé faire voir par notre ville, pour ôter à nos concitoyens le scrupule que leur
 « pourrait avoir apporté un méchant discours hérétique que l'on a secrètement