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322 Becquet possède une fort jolie voix; avec un maître habile et un peu d'habitude scènique , ce serait à notre avis un artiste recommandablc. On a parlé aussi de la cherté des abonnemens; nous avons vu avec plaisir que M, Provence les avait diminué.. Nous souhaitons que les 1 e r s emplois soient remplis dignement ; nous souhaitons, surtout, que l'orchestre devienne meilleur, et certes, comme on doit tout attendre de son chef, la faute retomberait sur la direction, et celte faute serait impardonnable. Pour la première fois, le Pirate, traduit en français, a été joué à Lyon; grâce à MM. Crémont et Dupré , nous avons pu admirer la belle partition de Bellini. Nous avions prédit un immense succès à cette traduction , si nous avons été trompés, la faute en est certainement à M. Dupré, qui n'a pas voulu élaguer de son poème des longueurs interminables, et qui n'a pu assez motiver quelques scènes; la faute en est aussi un peu à M. Crémont, qui a arrangé la musique d'une ma- nière trop spirituelle , peut-être ; par exemple , le commencement de ValUgro de l'ouverture était franchement attaqué dansBellini. M. Crémont l'a syncopé; de cette manière , le chant est moins trivial, mais il manque d'effet, et nous sommes persua- dés que la maniéré de chanter peut rendre tour à tour, belle ou triviale, une mé- lodie triviale ou belle. D'autres corrections ont été plus heureuses que celle-ci. Au momen[terrible , ou- ïes naufragés cherchent à gagner le rivage, Bellini avait donné à son orchestre un rithme de Boléro ; c'était un contre-sens évident, aussi, M, Crémont a eu la bonne idée de le remplacer par un Trémolo, large et d'un bon effet. Pour fournir à l'addition d'un troisième acte et de quelques scènes nouvelles, il a fallu prendre à Bellini plusieurs airs de la Straniera de norma , etc. Tous ces airs sont très-beaux, c'est peut-être leur tort; car ils se nuisent mutuellement. Lorsque Castil-BIaze arrangea les Sybarites de Florence avec des airs renommés en Alle- magne et en Italie comme des chefs-d'œuvre , il se trompa et ses Sybarites produi- sirent peu d'effet, il eut fallu des morceaux faibles pour faire ressortir les autres. Dans Robert le Diable , que nous regardons, avec justice, comme une partition ad- mirable , il y des passages évidemment négligés à dessin ; et celte négligence em- ployée à propos,.est d'une grande ressource pour le compositeur. M. Crémont a malheureusement rejeté, comme indigne de l'art, cette ressource; nous pensons qu'il a eu tort. Toutefois, si l'on reprend le Pirate, avec quelques suppressions on en fera un des plus agréables draines lyriques du répertoire. Le Chalet est un petit opéra d'Adam , dans lequel on remarque un chœur de soldats et des couplets agréables; le reste est sans couleur. D'ailleurs, plus nous avons entendu cette musique et moins elle nous a paru digne de son auteur, qui s'était fait connaître par deux ou trois partitions assez estimées. Nous pouvons dire la même chose de l'auteur de Mazaniello, et nous avons peine à concevoir que l'artiste qui a eu de si belles et si puissantes inspirations,