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n'a été qu'une longue négation de tout ce qu'il y a de digne et de
respectable dans le m o n d e ; que c'est ce dix-huitième siècle, en
un m o t , qui tend encore sur nous ses bras desséchés et qui s'ef-
force en vain de prolonger son agonie ; moi qui crois que l'art, tel
que l'aiguille vacillante qui cherche le p ô l e , se dirigera enfin,
après une longue mobilité vers l'éternelle v é r i t é , comme l'ai-
mant vers le N o r d , et que déjà se lève à l'horizon lointain ce
souffle générateur qu'appela le prophète sur les os flétris qui l'en-
touraient au désert.
Quand ce champ de la mort tout entier se leva,
Redevint un grand peuplé et connut Jehovali!
Je venais donc de prendre la parole à mon tour et j'achevais la
défense de M. D u m a s , que je montrais puissant et fort parmi les
chefs de l'école qui se forme sur les débris de celle de F e r n e y ,
quand le p e i n t r e , tout-à -fait revenu à son allure première , m'in-
terrompit brusquement : — INe nous embrouillons pas dans les
feux de file, s'écria-t-il, m o i , j'en reviens toujours à mon Guil-
laume Mona. Et voici deux questions que ces dames ont une aussi
grande envie que moi de vous entendre résoudre : 1° Qu'est-ce que
Guillaume Mona ; 2° Qui a mangé Guillaume Mona ?
La société entière a p p r o u v a . — J e savais tout mon Dumas par
cœur ou peu s'en faut. Je commençai donc :
Guillaume Mona était un pauvre paysan du village de Fouly.
Il avait un verger et dans ce verger un poirier de succulentes cras-
sanes. C'était le fruit qu'il préférait; et je conçois , quant à moi,
cette préférence par les 25 dégrés de chaleur actuels. Une cras-
sane bien fondante, figurez-vous cela ? — (Il y eut un mouvement
de lèvres dans mon auditoire. ) — O r , Guillaume visitant un jour
son arbre chéri, avisa qu'il se dégarnissait d'une manière sensible;
et comme il était apparemment de l'avis de Lafontaine qui ne con-
naît au monde chose pire que l'écolier', si ce n'est le pédant, il en
accusa naturellement les bambins du voisinage. l\ prit en consé-
quence son fusil, le chargea avec du gros sel de cuisine et se mit
à l'affût ; vers les onze heures , un rugissement retentit dans la
montagne; cette montagne que vous voyez là -bas. — Tiens, dit-
il , il y a un ours dans les environs ! Dix minutes a p r è s , second
rugissement, mais effroyable et tout rapproché. L'animal parut