Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
              LA FAMINE DE I 7 0 9 / DANS LE BEAUJOLAIS            367
    « La première procedde du grand nombre des pauvres mendians
de la fin de l'année dernière, et il y avoit près de deux cens familles
à Taumosne, que les honnestes gens de la ville se sont efforcés de
secourir, depuis le moys de janvier jusques après.Pasques, en leur
distribuant du pain chaque semaine. Pendant le cours de ce temps,
la cherté des grains a augmenté le nombre des familles pauvres de
plus de deux ou trois cens, lesquelles dans un temps plus favorable
se soutenoient par leur travail qui est cessé entièrement, ce qui les
a obligés, pour vivre, à vendre à vil prix leurs habits, leurs linges et
nippes.
    « La deuxième raison, c'est que le nombre de ceux qu'on croi-
roit en estât de fournir à la subsistance des pauvres mendians est
très modique par rapport au grand nombre de ces derniers. On peut
réduire ces prétendus ayzés à quatre sortes d'estats : le Ier est des
 ecclésiastiques; le 2e des officiers du bailliage de l'eslection de la
 maréchaussée et autres juridictions de la ville; le 3e est celuy des
 avocats et procureurs; et le 4e est celuy des bourgeois et marchands.
     « A l'égard du I er ordre, ils ne sont qu'au nombre de 12, dont
 les revenus sont très modiques, mesme dans les meillieures années,
 et dans cellecy, ils sont réduits à rien par l'impuissance de ceux qui
 leur doivent des rentes ou des fermes.
     « A l'égard des officiers, oultre les taxes qui leur sont faictes
 fréquemment, mesme dans la présente année par le Roy, oultre la
 rétention de leurs gages, ils se trouvent dépourvus pareillement de
 leurs revenus par la perte de la récolte de Tannée présente et par
 l'incertitude de la prochaine, qui ne peut être que très modique
 par le défaut des élémens sufEsans dans le prochain moys de sep-
 tembre. (1)
     « A Tégard des avocats et des procureurs, la cessation des affaires
  du palais et la modicité des fortunes de la plupart d'entr'eux les
  mettent hors d'estat de secourir les pauvres. Enfin le corps des mar-
  chands, qui voit son commerce entièrement ruiné, ne songe qu'à


   (1) L'insuffisance des grains pour les semailles d'automne.