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368                     LA REVUE LYONNAISE

 faire des efforts pour faire subsister leurs familles dont la plupart
 sont très nombreuses. Il s'ensuit que ces différents estats se trouvent
 dans une impuissance presque insurmontable d'exécuter le règle-
 ment de la Cour.
    « La troisième raison procedde de la cherté excessive autant que
de la rareté des grains et des autres fruicts de la terre dans la pré-
sente année, et du peu d'espérance qu'on a d'en recueillir à la pro-
chaine récolte. Les vignes sont presque toutes gelées, les terres à
 bled n'ont rien produit, et les mêmes grains qu'on a semés ne
peuvent pas causer une grande abondance, d'autant qu'ils ont souf-
fert la gresle en plusieurs paroisses. Les arbres fruitiers sont presque
tous morts. Les prairies se ressentent aussy de la stérilité, de telle
sorte que la disette de foin va attirer celle du bétail, exposé d'ail-
lieurs aux vols, à la rapacité des paysans qui le dévorent pour en
faire leur subsistance.
    « Le prix du pain est au moins de 3 sols 6 deniers la livre. S'il
fallait en fournir sur ce pied là à 900 ou 1,000 pauvres qu'il y a
dans la ville, quand ce ne serait que par chascun une livre, la four-
niture qui s'en feroit monterait par jour à plus de 60 escus, et, pen-
dant 6 mois, à plus de 11,000 escus, ce que visiblement le petit
nombre des ayzés de la ville, s'il y en a, n'est pas en estât de four-
nir sur ses revenus, absorbés d'ailleurs, la subsistance aux pauvres
de la ville, n'ayant pas même du bled pour eux et leurs familles,
encore moins pour celles de leurs grangers et vignerons, et pour
ensemencer leurs fonds, deux points très essentiels à remarquer
pour les années qui suivront celleci.
    « La quatriesme raison résulte des efforts que les principaux de
la ville ont faict pour fournir du bled aux greniers qu'on appelle de
Y Abondance dans plusieurs villes. Ils en ont tiré de Bourgogne pour
une somme considérable par rapport à leurs facultés, mais très petite •
à la cherté des grains et au grand nombre des habitants, où le pain
qu'on en faict pour eux se vendant à un moindre prix que le bled
qui se vend dans la grenette et que le pain que les boulangers ven-
dent, ce qui constamment produit un soulagement considérable
pour les pauvres de la ville, qui reçoivent, d'ailleurs, des aumosnes