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LA VIE ET LES OPINIONS DE CHKISTOPHLE DE GAMON 349 Les idées politiques de l'auteur sont encore plus tranchées dans le dialogue intitulé : l'Avant-Mort, qui est une violente philippique contre Henri III. L'auteur nous apprend, à cette occasion, par la bouche d'un de ses personnages, qu'il en avait fait une autre encore plus violente : Sur la mort de la Dame aux lourdauts Savoyards, Qui le corps eut d'Autriche et le cœur tout de Mars. Il s'agit sans doute de la mère des Guise, Louise de Savoie, qui joua un rôle actif dans nos discordes civiles. On ne peut que féliciter le poète de ne l'avoir pas publiée. Mais le dialogue le plus curieux, au point de vue qui nous occupe, est celui qui a pour titre : Les honnestes amants, — Henriot et Francine. Chacun comprend que les deux amants ne sont autres qu'Henri IV et la France. Après un por- trait passablement détaillé des beautés de sa mie, le roi Henri, — ou, si l'on veut, Henriot, —lui rappelle ce qu'il a fait pour elle et la prie de lui être désormais plus fidèle que par le passé. Tu sais en quels hasards souvent je me suis mis, Pour te ravir aux mains de tes traistres amis, Mais quoi? Presque toujours autant que tu m'es belle, Autant (ha cruauté !) tu m'as esté rebelle. A cette heure, à cette heure, Aymé-moi pour le moins d'asseurance meilleure. Ne rechange point tant. Je suis du tout à toy : Puis tu n'en peux avoir aucun autre que moy. Comme toutes les belles infidèles, Francine se disculpe avec des compliments : Que je vois de beautez, quand les yeux je repasse Dessus toy, mon cceuret, mon amour et ma grâce, Mon menon, mon espoux, etc., etc. ! Puis elle s'excuse : Si or je ne suis belle, C'est que, comme tu sais, ta blanche Colombelle A trop eu ces corbeaux qui sans règle ont réglé, Outrageant ses beautez, son vol trop aveuglé !