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350 LA REVUE LYONNAISE Nous passons les propos du roi galant pour indiquer seulement ceux de Francine, où se reflètent mieux les sentiments de l'auteur : Si j'estoy maintenant, mon Cœur, mon Espérance, Mon Esbat, mon Espous, mon Lys, mon Asseurance, Du creux de ton giron ; et si tu daignois bien Prendre un humble conseil de t'amour, de ton bien, De ta chère Francine ; après mille caresses, Je te priroy, mon Tout, d'employer tes adresses, Non point tant à chasser aux troupeaux escailleux, Qu'à chasser loin de toy les hasards périlleux Que te va pourchassant mainte fausse canaille. Les uns ont dix moyens pour croistre ta peschaille, Mais, las ! ils en ont vingt pour la diminuer. Les autres déloyaux veulent s'insinuer En ta bénigne grâce, afin qu'à moins de peine Ils te puissent priver de cabane et d'haleine. Tout, tout est corrompu : l'argent, fils de l'enfer Aux humains d'à présent a fait les cœurs de fer. N'arrouse tes larrons de trop douce clémence, Chasse, chasse du tout cette adombrée engeance De tes valets noircis qui ne peuvent vraiment, (Car ils ne t'en ont point,) te faucer leur serment, Et qui blessez d'esprit, d'une bétyque envie, Ont voulu dérober ta peschaille et ta vie ; Car je crain, mon Soleil, que me redesbauchants, Ils empourprent ta rive et désertent ces chams. Ainsi, dessous l'obscur, chacun de son ombrage Ces deux braves amans frisèrent ce langage, Toutesfois bien plus long. Le rivage seinois En rendit étonné l'habitacle des Roys. Ce couple alla poussant ses amours non pareilles Jusqu'aux ailes du vent, le vent à mes aureilles ; Et moy les pousseray par les pieds de mes vers Peut-estre en plusieurs coins de ce vaste univers. Ces citations montrent l'humeur pacifique du poète et son atta- chement à l'illustre souverain qui avait su, par un heureux mélange de fermeté et de modération, mettre un terme à la guerre civile et rendre au royaume le calme et la prospérité. Elles montrent aussi la